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illustres hôtes, il l’est toujours. Sa Majesté causa avec gaité, tantôt avec la Reine, tantôt avec le roi de Naples ; la Reine parut très contente du spectacle et en exprima son contentement au roi de France et à son mari, auquel elle fît remarquer mille petits détails, de peur qu’ils ne lui échappassent. Elle a l’air bien bonne personne, bien aux petits soins pour le Roi.

Mme la Duchesse de Berry est dans la joie de son cœur depuis l’arrivée de ses parens ; pendant tout le spectacle, elle adressa, avec sa vivacité napolitaine, la parole à son oncle et, dans les entr’actes, elle causait avec son père et sa belle-mère d’une manière fort intime. Les rapports entre le roi et la reine de Naples et la Duchesse d’Orléans me parurent beaucoup moins cordiaux ; il y a quelque chose de guindé, de forcé, ils paraissent se revoir avec moins de plaisir.

Le bal qui aura lieu aujourd’hui chez Madame, bien qu’il doive être superbe, ne sera qu’une ombre en comparaison de la fête du Palais-Royal. Déjà depuis des semaines, on la prépare ; les terrasses sont converties en jardins, une nouvelle façade a été construite en toute hâte comme par enchantement. Il n’y a pas quinze jours, il y avait à la place de la superbe galerie qu’on peut voir maintenant, quantité de chétives maisons bien sales, habitées par de pauvres ouvriers ; ces humbles demeures où régna la plus profonde misère sont converties en une pompeuse salle ; enfin 150 000 francs doivent être dépensés-pour éblouir le roi de Naples pendant quelques heures.


31 mai. — Il y a eu hier grand dîner pour la famille de Naples, chez le prince de Castel-Cicala. Voici la liste des invités : le roi et la reine de Naples et le prince de Salerne, Monsieur le Duc et Madame la Duchesse d’Orléans, ses deux filles et sa belle-sœur ; des jeunes princes, il n’y avait que le Duc de Nemours ; le Duc de Chartres étant un peu indisposé a voulu se soigner pour le bal d’aujourd’hui, qui ne sera pas peu fatigant pour lui ; du corps diplomatique, il n’y avait que les ambassadeurs, tels que le nonce, l’ambassadeur de Russie, d’Autriche, d’Angleterre, de Sardaigne, d’Espagne.

Jamais on n’a vu faire de plus grands préparatifs pour une fête que ceux qui se font pour le bal du Palais-Royal ; 400 personnes y travaillent pour achever les décorations destinées à la fête.