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se lèvent sur l’horizon politique. Espérons que la Providence tournera tout au bien de l’humanité, mais les faibles lumières de l’homme ne peuvent y voir autre chose qu’une nouvelle source de guerre et de bouleversement bien dangereux pour le repos de l’Europe.


20 mai. — Déjà hier, on parlait d’un changement de ministère ; les bruits d’hier se confirment aujourd’hui ; Peyronnet est appelé à l’Intérieur et Chantelauze à la Justice, Montbel a eu l’administration des Finances et Courvoisier et Chabrol se retirent ; le premier est devenu ministre d’État, le second, qui l’est déjà, n’a pas eu de nouvelles dignités. Ces nominations, tout à fait anti-populaires, me prouvent que le ministère se soucie peu de la majorité ; sans cela, il n’aurait pas fait un pareil coup avant les élections.


22 mai. — Au dernier spectacle de la Cour, je me suis amusé à faire mes observations sur ce qui se passa dans la loge royale. Elle avait été beaucoup agrandie, devant contenir non seulement la cour de Naples, mais même la famille d’Orléans, qui ordinairement n’y est point admise. Ces puissances furent placées dans l’ordre suivant : la place la plus rapprochée de notre loge fut occupée par Mademoiselle d’Orléans, sœur du Duc ; à sa droite, se plaça le prince de Salerne et, derrière ces deux, le Duc de Chartres et le Duc de Nemours ; à côté du prince de Salerne s’assit Madame, Duchesse de Berry, puis Madame la Dauphine, puis le roi de Naples, puis le roi de France, qui avait à sa droite la reine de Naples. Le Dauphin prit place à côté de la Reine et offrit la chaise à sa droite à la Duchesse d’Orléans. Mademoiselle d’Orléans et sa sœur. Mademoiselle de Valois, se placèrent à côté de leur mère et les deux dernières chaises du devant furent occupées par Mgr le Duc d’Orléans et le Duc de de Bourbon.

Madame la Dauphine me parut de très mauvaise humeur ; elle parla peu et ce qu’elle dit fut dit en grognant. Le roi de Naples lui adressa plusieurs questions avec beaucoup de grâce ; mais. Madame la Dauphine lui répondit d’une manière fort brusque en criant très fort dans les oreilles du Roi, comme s’il eût été sourd. Dans les entr’actes, elle ne s’est pas approchée une seule fois de la reine de Naples. Le roi de France a été charmant avec ses