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Le Roi, comme toujours dans de pareilles occasions, a été couvert d’applaudissemens ; jamais aucun souverain n’a eu meilleure tournure ; il est impossible de mieux saluer, de mieux parler que ne le fait le roi Charles X ; c’est une noblesse sans fierté ; chacun de ses mouvemens est gracieux, rempli de dignité et bienveillant. Les gens de l’opposition aiment à prouver dans ces occasions qu’ils distinguent le Roi du gouvernement, distinction fausse autant qu’elle est malveillante. Le Roi, dans son discours, a dit à la fin une phrase bien forte, et il l’a prononcée avec cette fermeté que doit lui donner le sentiment de son droit et de sa dignité sacrée et suprême. « Pairs de France, a-t-il dit, députés des départemens, je ne doute pas de votre concours pour opérer le bien que je veux faire ; vous repousserez avec mépris les perfides insinuations que la malveillance cherche à propager. Si de coupables manœuvres suscitaient à mon gouvernement des obstacles que je ne veux pas prévoir, je trouverais la force de les surmonter dans ma résolution de maintenir la paix publique, dans la juste confiance des Français et l’amour qu’ils ont toujours montré pour leurs rois. »

Tous les officiers de l’armée sont enchantés de la force que le Roi vient de déployer ; les libéraux en sont furieux.

— Nous avons eu l’intention, disent-ils, d’être très modérés ; mais, nous voyons bien qu’il n’y a pas moyen.

— Tant mieux, disent les royalistes ; il vaut mieux que la guerre soit ouvertement déclarée, on sait au moins à quoi s’en tenir ; nous saurons nous ranger autour du trône.

Beaucoup de personnes voient bien noir dans cette occasion ; moi, tout au contraire, je crois qu’il n’y a jamais du danger pour un gouvernement qui montre de la force ; s’il continue ainsi, tout ira bien.


18 avril. — Je fus tant occupé à faire les honneurs à notre bal de mardi que je n’ai pas eu le temps de parler un peu longuement avec le prince souverain de la Grèce[1] ; j’ai été plus heureux hier soir chez Mme du Cayla où il y avait grand concert en l’honneur de ce prince ; il m’a paru bien triste et lorsque je

  1. Le prince Léopold de Saxe-Cobourg, veuf de la princesse Charlotte, héritière de la couronne d’Angleterre. Il semblait disposé à monter sur le trône de Grèce. Finalement, il refusa ; il fut plus tard roi des Belges.