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Takuma Tamehisa, lui-même petit-fils de Tamenari, et aurait appartenu en réalité à une branche des Kose. Il est l’auteur du paravent décoré des douze Devas du Tôji de Kyôto qui furent peints en 1192. Ces images sont délicieuses, et dénotent un sens extraordinaire de la ligne. Le dessin exécuté au trait d’encre est très ferme et les couleurs employées ont la légèreté d’un lavis. L’or est uniquement réservé aux bijoux, et l’ensemble d’une distinction suprême. Jamais le rendu des draperies n’avait été jusque-là porté à une telle perfection (Kokka, no 211).

Au XIVe siècle, l’art bouddhique parvint au dernier stade de son développement. Par la suite, il ne fit plus que décliner, les idées religieuses allant sans cesse en s’affaiblissant. Sous les Ashikaga (1337-1573), les nouvelles sectes influentes, parmi lesquelles la Zen tient la première place, ne pourront enrayer cette décadence. L’esprit religieux subsistera seul et se répandra dans la nature exprimée de façon si merveilleuse par les grands maîtres de la Renaissance japonaise (XVe-XVIe siècles). Sous la double influence des élémens artistiques Song-Yoüen devenue prédominante, d’une part, et de la secte Zen de l’autre, le paysage atteindra à son tour son apogée.

En revanche, le genre Ye-Makimono des vieux maîtres nationaux du Yamato, celui dont nous avons essayé de raconter la naissance (XIe-XIIe siècles) et l’âge mûr (XIIIe et 1re moitié du XIVe), perdra beaucoup de ses qualités initiales pour tomber finalement dans la décrépitude. La perfection de la forme tuera la vigueur de la conception. Les peintres se feront miniaturistes, préoccupés avant tout du fini des moindres détails. Contre l’éclat trop grand du coloris et l’emploi exagéré de l’or, l’École de l’Encre accomplira sa réaction. L’art des Tosa se contentera dès lors de fournir de belles images destinées à distraire les loisirs des hautes classes de la société, reproduisant inlassablement d’analogues scènes de fêtes et de beaux costumes de la cour. Durant l’époque des Ashikaga, Mitsunobu (1434-1525) tenta de lui donner une nouvelle impulsion, si bien que certains historiens ont cru pouvoir lui décerner le titre de ce restaurateur du vieux Tosa, » mais il faut bien remarquer que son style différa notablement de celui des grands maîtres de la belle époque, en raison de l’influence, peut-être inconsciente, mais très certaine, exercée sur son œuvre par les peintres chinois des écoles Song et Youën.