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LA MONARCHIE DE JUILLET


ET


L’EXPANSION COLONIALE



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C’est une opinion commune de voir dans le récent essor colonial de la France un brusque réveil succédant à une longue indifférence : en matière d’expansion lointaine, il n’y aurait eu de notre part, dans toute la première partie du XIXe siècle, que des velléités hésitantes, et partout, fût-ce en Algérie, le hasard des circonstances ou des initiatives locales aurait constamment primé la volonté fluctuante des gouvernans. La simplicité même de cette vue historique suffit presque à la faire soupçonner d’inexactitude. De fait, l’œuvre coloniale de la troisième République qui demeurera toujours admirable, ne saurait être tenue pour un glorieux accident. Son ampleur et sa soudaineté résultent, en bonne partie, de ce qu’elle s’était trouvée systématiquement, encore qu’obscurément préparée, car bien avant qu’on songeât aux grands partages du globe, il y eut constamment chez nous des fonctionnaires ou des hommes d’État qui surent considérer l’ensemble du monde pour suivre, dans toutes ses parties, des projets persistans et parfois très logiquement coordonnés. Montrer l’influence de ces vues générales comme la suite ou l’enchaînement de ces traditions exigerait des développemens assez longs. Les limites d’un article permettent tout au plus de fournir quelques exemples typiques et quelques preuves partielles : je voudrais