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tenait avant tout à ce que son fils ne fût pas élevé seul, il voulait que cet enfant entretint avec d’autres enfans des liens de camaraderie qui lui créeraient pour l’avenir quelques-unes de ces amitiés fidèles dont il sentait personnellement tout le prix. Cette pensée dominante le conduisit à faire un sacrifice. Ne trouvant pas à Londres l’établissement qui lui convenait, il se décida, non sans peine, à se séparer de son fils. Il avait d’abord songé à la Suisse, mais n’y trouvant rien non plus, il choisit la vieille école municipale d’Édimbourg, qui lui offrait l’avantage d’être dirigée par un laïque, de n’astreindre les élèves à aucune-obligation, instruction ou prescription religieuses. Les catholiques pouvaient y rester catholiques, sans subir à aucun degré, comme ailleurs, la pression des pasteurs protestans. De plus, on y prononçait le grec et le latin à l’européenne, non à l’anglaise. Ce détail enchantait Cuvillier-Fleury en lui donnant la certitude que les humanités se continueraient à Édimbourg aussi bien qu’en France.

Sur ce point, il était irréductible. Ainsi que tous les vieux professeurs de l’Université, il considérait les études classiques, l’étude du grec et du latin, comme la base nécessaire de tout enseignement, le latin surtout, qu’il possédait à fond et dont il fait des citations dans presque toutes ses lettres. Il aime les Romains, non seulement parce qu’ils écrivent une langue limpide et forte, parce qu’ils savent conduire et discipliner leur pensée, mais parce qu’ils ont donné au monde d’admirables exemples de courage moral et de dignité civique. Leurs écrits sont faits pour inspirer les vertus mâles. Il n’y a pas de nourriture plus saine et plus fortifiante pour l’âme d’un prince.


II

Ce lettré de race, ce rédacteur du plus littéraire des journaux d’alors, du Journal des Débats, devait naturellement penser un jour à l’Académie Française, puisqu’il est convenu que l’Académie Française est la suprême récompense du talent des écrivains. Aussi l’histoire des candidatures académiques tient-elle une grande place dans ses lettres. Il y en eut plusieurs. La première fois, ce fut plutôt une velléité. Dès 1838, il avait commencé ses travaux d’approche, sans insister d’ailleurs, en homme qui se contente d’explorer le terrain. Un an après, la tentative