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irresponsables et d’autres qui présentent des troubles empêchant d’en faire des responsables, mais ne suffisant pas pour permettre de les considérer comme irresponsables… La responsabilité atténuée est une altération de la santé cérébrale ; c’est l’état d’un individu qui présente un affaiblissement, une diminution de l’intégrité de ses fonctions psychiques. Celui dont la responsabilité est atténuée est un débile psychique. »


Au point de vue de la doctrine médicale, la cause paraît donc définitivement entendue : les demi-fous existent ; parmi les criminels il y en a dont la responsabilité est médicalement atténuée.

Nous sommes donc scientifiquement loin de l’époque où l’on considérait la notion de responsabilité atténuée comme « une façon commode de déguiser notre ignorance » (docteur Legrain), comme un moyen pour les experts d’atténuer leur propre responsabilité (professeur Garraud), comme « un simple expédient pratique n’ayant aucune valeur scientifique » (docteur Michelon)…

Nous n’avons plus à nous occuper des plaisanteries faciles sur les mots « demi-responsables » et « demi-fous, » qui s’inspirent toutes de la boutade de M. Anatole France (dans l’Histoire comique) « sur les médecins qui distinguent des moitiés de responsabilité, des tiers de responsabilité et des quarts de responsabilité et qui coupent la responsabilité par tranches comme la galette du Gymnase, discutant cependant entre eux quelquefois pour savoir s’il faut attribuer à un tel un douzième de responsabilité ou un dixième, comme on attribue un douzième de part ou seulement un demi-douzième aux sociétaires de la Comédie-Française. » Et les journalistes d’ajouter : « Dans quelle balance pèsera-t-on ces questions de responsabilité, ces culpabilités fragmentaires ? Et décidera-t-on, quand il s’agira de l’application de la peine, que le condamné sera guillotiné par moitié seulement ? »

Plus dangereuse (à cause de son origine) est l’argumentation, encore ironique, du professeur Gilbert Ballet quand il dit : « Si je ne m’abuse, la tendance des cliniciens est aujourd’hui d’éliminer du vocabulaire psychiatrique ce terme des premiers âges de la médecine mentale : Fou ! Et voilà qu’on nous apporte maintenant des demi-fous, en attendant les quarts et les tiers de fou. Qu’est-ce qu’un fou ? Personnellement je ne