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de même, au point de vue criminel, peut-on trouver dans son état psychique des atténuations à sa responsabilité. »

Devant la faculté de droit de Lyon, M. Michelon a fait toute une thèse de doctorat contre « les demi-fous et la responsabilité dite atténuée. » Mais son argumentation est fondée sur les conséquences légales que cette notion entraîne dans la pratique judiciaire. Il admet très bien, comme fait, l’existence des demi-fous qui sont en même temps des demi-criminels et étudie avec grand soin le sort qui leur est réservé dans la législation actuelle.

Devant la faculté de droit de Toulouse, M. Eydoux soutient aussi une thèse de doctorat, également consacrée aux demi-fous et à la responsabilité atténuée, et conclut : « En l’état actuel de la psychologie et de la psychiatrie, les demi-fous doivent avoir leur place entre les irresponsables et les hommes sains d’esprit jouissant de leur libre arbitre. »

Après les juristes, voici l’opinion de quelques aliénistes.

Le docteur Charles Vallon, médecin en chef des asiles de la Seine, écrit : « Entre l’intégrité des facultés intellectuelles et l’aliénation mentale complète, il y a des degrés presque infinis ; il est donc de toute logique d’admettre également des degrés entre la responsabilité complète et l’irresponsabilité. Cette manière d’apprécier la responsabilité légale » est « tout à fait conforme aux données de la science… Il est des inculpés qui, tout en n’étant pas aliénés et par suite irresponsables, présentent un état mental particulier dont il est juste de tenir compte dans l’appréciation de leur responsabilité… En dehors de leur aliénation mentale qui supprime toute responsabilité, nombreux sont les troubles de la santé cérébrale, les insuffisances intellectuelles de nature à constituer une excuse, une circonstance atténuante, en d’autres termes à atténuer la responsabilité d’un délinquant ou d’un criminel… Il n’est pas possible d’indiquer mathématiquement la mesure de l’atténuation ; mais on peut employer des expressions de ce genre : atténuer sa responsabilité dans une certaine mesure, dans une large mesure, dans une très large mesure, dans une mesure qu’il appartient aux magistrats de fixer, dans une mesure dont les magistrats, dans leur sagesse, sauront fixer l’étendue. »

Le professeur de clinique mentale de la Faculté de Paris, Gilbert Ballet, avec qui nous avons amicalement bataillé bien