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récemment sentir à propos de son règlement[1]. On vient enfin d’en opérer la réforme. Accomplie à la suite de délibérations prolongées et par une entente réfléchie entre le Ministère et l’assemblée des professeurs, elle fait honneur par ses dispositions très libérales et très souples au gouvernement qui l’a provoquée et acceptée, ainsi qu’au corps savant qui a su modifier à propos ses vieilles coutumes, tout en restant fidèle à ses meilleures traditions[2].

Mais la lettre d’un règlement est peu de chose par elle-même. Ce qui importe, c’est que le Collège de France ail toujours pleine conscience de son rôle et qu’il s’applique à en donner une claire notion à tous les esprits qui s’intéressent aux besoins et aux progrès de la science. Il ne s’agit pas ici, bien entendu, de formules invariables et définitives. On ne définit pas ce qui est vivant. Personne d’ailleurs n’aurait qualité pour assigner des formes trop précises à une activité qui doit être essentiellement faite d’initiative libre et personnelle. Mais il peut être permis à ceux qui connaissent bien le Collège, qui ont vécu de sa vie, qui lui sont profondément attachés et qui ont foi entière en son avenir, de dire simplement les raisons de leur attachement, qui sont aussi celles de leur confiance.


I

L’institution des « lecteurs royaux, » réalisée en 1530 par François 1er sur les instances de Guillaume Budé, a été un des événemens importans de la Renaissance française[3]. Il s’agissait alors de réagir vigoureusement contre la scolastique, les vaines disputes, le goût des arguties stériles, et aussi de rompre avec les réglementations étroites et surannées qui régnaient dans l’enseignement. En face des Universités défiantes et fortes de leurs privilèges, les tentatives de réforme privées ne pouvaient

  1. Le règlement en vigueur jusqu’au 21 mai dernier était celui du 1er février 1873 ; mais tout ce qu’il contenait d’essentiel provenait de celui du 9 mars 1852.
  2. Le nouveau règlement date du 24 mai 1911. Il a été signé par le ministre actuel de l’Instruction publique, M. Steeg, et préparé par le directeur de l’Enseignement supérieur, M. Bayet.
  3. L’histoire du Collège de France a été racontée en détail, avec beaucoup d’érudition et de méthode, par M. Abel Lefranc, Histoire du Collège de France depuis ses origines jusqu’à la fin du premier Empire. Paris, Hachette, 1893.