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LA LÉGENDE DE ZOROASTRE

Passons de l’Inde en Asie centrale et regardons le pays à vol d’oiseau[1]. A perte de vue, se déroule à nos pieds le Pamyr et l’Indou-Kousch « Toit du monde » et nœud gordien du continent. Crêtes blanches et grises vallées. A l’Est et au Nord de ce fouillis montagneux, la Perse et l’Iran forment un haut plateau. De vastes étendues s’encadrent de lignes austères, d’une grandeur superbe et sauvage. Sol accidenté, vertes oasis, déserts arides qu’enferment les plus hautes cimes de la terre. Un des voyageurs modernes qui a le mieux vu la Perse et senti son âme, le comte de Gobineau, décrit ainsi cette contrée altière : « La nature a disposé l’Asie centrale comme un immense escalier, au sommet duquel elle semble avoir tenu à honneur de porter au-dessus des autres régions du globe le berceau antique de notre race. Entre la Méditerranée, le golfe Persique et la Mer-Noire, le sol va s’élevant d’étages en étages. Des croupes énormes placées en assises, le Taurus, les monts Gordyens, les chaînes du Laristan soulèvent et soutiennent les provinces. Le Caucase, l’Elbourz, les montagnes de Chiraz et d’Ispahan y ajoutent un colossal gradin plus haut encore. Cette énorme plate-forme, étalant en plaines ses développemens majestueux du côté des monts Soleyman et de l’Indou-Kousch, aboutit d’une part au Turkestan qui conduit à la Chine, et de l’autre aux rives de l’Indus, frontière d’un non moins vaste monde. La note dominante de cette nature, le sentiment qu’elle éveille par-dessus tous les autres est celui de l’immensité et du mystère[2]. »

  1. Voyez dans la Revue du 1er février, le Mystère de l’Inde ; — la Vie de Bouddha.
  2. Gobineau, Trois ans en Asie ; Plon.