Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 3.djvu/421

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’est pas accepté. Écoutez les derniers cris de Marie-Caroline : « C’est une coquinerie de plus dans le règne de Buonaparte que celui de nous chasser, sans avoir fait la guerre ni rien ! Mais ne croyez pas que je sois la dupe. C’est un parti pris depuis longtemps d’avoir toute l’Italie. Si les Anglo-Russes n’étaient pas venus, il aurait pris un autre prétexte… A peine arrivée en Sicile, je ferai un Specie Fatti que j’imprimerai et qui ne sera pas l’éloge de Buonaparte… J’ignore ce que le maître du monde a décidé de notre sort. L’empereur François et ma fille m’écrivent épouvantés tous les deux, me conjurant de penser à ma sûreté. Que croire de cela ? Fera-t-il de moi le pendant du duc d’Enghien ? C’est bien m’honorer, et ce ne serait pas le plus grand de ses triomphes !

« Enfin je m’attends à tout ; mais j’ai la tranquillité de n’avoir rien à me reprocher. Ma haine contre un usurpateur était juste. Je la partage avec bien du monde. La seule différence est que je l’ai imprimée et que d’autres la cachent ! »


Ainsi parlait la Reine dans sa dernière lettre à Gallo le 26 janvier 1806. A ses doléances, à ses reproches, à ses colères Napoléon ne répondit que par cette sentence irrévocable, signifiée par lui à son armée, à la France, à l’Europe entière : « La dynastie de Naples a cessé de régner ! »


HENRI WELSCHINGER.