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déchargé sur le budget tunisien du service de la garantie, moyennant un versement annuel et forfaitaire, régulièrement décroissant et prenant fin en 1957. Dégagé de toute préoccupation dans les résultats de l’exploitation, il a remis à la Tunisie le soin de régler et de rémunérer cette exploitation au mieux de ses intérêts. La « tunisification » de la ligne de la Medjerdah est un événement heureux, qui rend la Tunisie, sans ingérence métropolitaine désormais possible, maîtresse de l’ensemble de ses chemins de fer.

Le nouveau réseau, réseau côtier et réseau minier, propriété du gouvernement tunisien, qui l’a payé de ses deniers, est d’un rendement financier plus brillant : ses frais d’établissement peu élevés et l’importance de ses recettes minières lui procurent un revenu net qui atteint en 1909 près de 4 1/2 pour 100. La ligne de Bizerte, qui n’assurera de transports pondéreux importans qu’après l’ouverture de ses embranchemens vers les Nefzas et vers Nébeur, est la moins favorisée : elle rémunère son capital à 3, 28 pour 100 ; mais la ligne minière de Kalaa-Djerda et le petit réseau côtier du Sahel, qui bénéficie pour partie de l’apport de la précédente, ont un rendement respectif de 4, 57 et de 4, 71 pour 100. Seules les lignes minières procurent d’aussi beaux revenus : en 1905, le revenu moyen du nouveau réseau n’était que de 1, 30 pour 100 ; en 1906, année d’ouverture de la ligne de Kalaa-Djerda, il passe brusquement à 3, 27 pour 100. L’année suivante, en 1907, la ligne de Kalaa-Djerda donne elle-même près de 6 1/2 pour 100. Le taux de revenu net des chemins de fer français oscille, pour ces dernières années (1906-1908), entre 4 et 4, 40 pour 100 de leur capital d’établissement. La Tunisie, qui conserve jusqu’à concurrence de 4, 60 pour 100 le revenu des voies ferrées construites à ses frais et est intéressée dans les excédens au-delà de ce chiffre, n’a pas fait, dans la circonstance, un mauvais placement de son argent.

Les recettes de chacun des réseaux, qu’il ait été établi aux frais du concessionnaire ou aux frais de la Tunisie, reçoivent une affectation sensiblement analogue. Avant tout, elles sont employées à rembourser à la Compagnie gérante ses frais d’exploitation. Pour écarter un motif de discussion entre État et Compagnie, ces frais sont fixés à forfait, selon des formules parfois complexes qui donnent à l’exploitant, soit un tant pour. 100 de la recette brute, soit une rémunération fixe par