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sont succédé à la tête de sa Direction générale des Travaux publics. La direction actuelle a vu grand, et il lui en est fait quelquefois reproche. Mais il paraît bien que la formule du chemin de fer dit économique à fortes rampes et à courbes étroites, correspond à la moins économique des exploitations, dès que le trafic lourd, bon marché et abondant fait son apparition. Dans le centre de production minière qu’est devenue la Tunisie, il convient de construire des voies planes et rectilignes qui offrent aux lourds trains de phosphates et de minerais descendant à la mer le minimum d’obstacles. Dans un pays en développement rapide, il est avantageux que l’outillage dépasse les besoins du présent. Si le gouvernement tunisien a un peu anticipé sur l’avenir, les générations futures ne s’en plaindront sans doute pas.

Pour ces deux causes, l’une qui tient à l’essence du régime, l’autre aux circonstances et aux hommes, la Tunisie se trouve à la fin de 1910, en vingt-neuf ans de Protectorat, pourvue d’un réseau (lignes en projet ou en construction comprises) presque aussi étendu, par rapport à la population des deux pays, que le réseau des chemins de fer de la Métropole.

Deux compagnies se le partagent. L’une, la Compagnie des chemins de fer de Bône-Guelma et prolongemens, est concessionnaire de la majeure part des lignes exploitées ou en construction (1 650 kilomètres concédés au 1er avril 1911). L’autre joint à l’exploitation de la voie ferrée de Sfax au Redeyef celle de célèbres gisemens de phosphates : la Compagnie des Phosphates et du Chemin de fer de Gafsa rappelle dans sa raison sociale le double objet de son activité (500 kilomètres concédés au 1er avril 1911). Etudier les ressources des lignes concédées à ces Compagnies et leurs méthodes d’exploitation, les formes complexes d’association entre l’Etat et les concessionnaires, le personnel et la clientèle du chemin de fer, c’est un moyen de se renseigner sur la situation économique, financière et sociale de la Tunisie, qui, à l’exemple de tous les pays neufs et de complexité restreinte, se résume et transparaît volontiers dans le plus essentiel de ses organes.

Ce fut un gros événement politique que la concession à une