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18 REVUE DES DEUX MONDES. PuiTS-DEs-Bois. — Son fils! Mais vous avez fait tout au monde pour le sauver... Puisque votre conscience ne vous re- proche rien, Sire, il convient mieux à vos projets que cet enfant soit en paix chez les omhres... L’imposer à vos Tartares eût été bien dangereux... Tandis qu’une dynastie mêlée, un autre fils qui naîtrait de votre sang et du sien... L’Empereur. — Un fils qui me viendrait d’elle !... Oh ! ami, tais-toi!... Les rêves trop beaux, il ne faut pas les formuler... [Il frappe sur le gong un seul coup léger.) Allons, va!... Voici l’instant terrible de la revoir... Va !... (A un officier qui se pré- sente, appelé par le gong.) Qu’on amène ici la captive, avec les égards que j’ai commandés. Allez! {Rappelant V officier qui s’en va.) Attendez encore !... (A Puits-des-Bois qu-i s’en allait aussi.) Non, sa fierté pourrai! s’offenser d’être ainsi amenée en ma pré- sence. Plutôt, qu’elle soit ici la première au rendez- vous; et c’est moi ensuite qui aurai l’air de comparaître devant elle, comme un vaincu demandant grâce. (A l’offcier qui attend.) Dès que je serai sorti, faites introduire ici l’Impératrice, et qu’on la laisse seule... Allez, cette fois!... (L’officier sort par le fond.) PuiTS-DEs-Bois, en s’en allant avec V Empereur. — Elle vous aime, sire!... Ayez confiance... Quelle est la femme, même presque déesse, qui ne céderait pas? L’Empereur. — Elle, justement!... Elle seule. PuiTS-DES-Bbis. — Mais puisqu’elle vous aimait... L’Empereur. — Et aujourd’hui, ne doit-elle pas me haïr?... Tant de sang, que des traîtres ont fait couler malgré moi... Partout, mes ordres de grâce, interceptés ou changés en arrêts de mort... La haine, l’implacable haine de nos deux peuples, toujours triomphante... PuiTS-DEs-Bois. — Mais vous avez cependant sauvé tant d’existences... Et elle doit le savoir !... L’Emperetjr, en s éloignanl . — Oh ! cette heure, dont le souvenir encore enchante ma vie !... Celte heure, là-bas, dans le jardin de son palais, au milieu de cette foule où nous étions si seuls, quand elle m’avait pris dans son regard, et que nos âmes se sont unies en une étreinte souveraine... Mais maintenant, voici qu’à l’idée de la revoir, je tremble comme un coupable. ’L'Empereur sort avec son conseiller par une porte latérale. Deux