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aisément toute sa puissance au moteur, et, alors, on atterrit comme dans le premier cas.

Il semble que l’atterrissage moteur arrêté, en vol plané, comme on dit encore, ne devrait présenter aucune difficulté. Si l’air est parfaitement calme, le calcul et l’expérience montrent, en effet, qu’après un plongeon, une « abatée » de une à deux secondes, l’aéroplane descend en ligne droite sous une pente qui, actuellement, ne dépasse pas 7 à 9 degrés, et cela d’un mouvement uniforme dont la vitesse est égale à la vitesse propre du vol normal. Le tout est de ne pas arrêter le moteur à moins de 50 mètres au-dessus du sol, car il faut laisser à l’abatée tout le temps de se produire. Si l’on a vent debout, le contact avec le sol n’en est que plus facile, la vitesse du vent se retranchant de celle de l’appareil. Ce n’est que si l’on a vent arrière que des précautions sont à prendre, sa vitesse s’ajoutant à celle de l’appareil : il devient indispensable d’agir énergiquement sur l’équilibreur pour retarder le mouvement. En somme, au premier abord, aucun danger sérieux à craindre dans ce vol plané. Mais il faut toujours compter avec les caprices du vent qui, en diminuant la vitesse, peuvent rendre, à un moment donné, très périlleux l’atterrissage ainsi pratiqué, et, pour lutter contre ces traîtrises, il n’y a qu’un moyen : conserver de la vitesse, beaucoup de vitesse. De plus, on accordera qu’être forcé d’atterrir sous un angle de 8 degrés en moyenne quand on se trouve, par exemple, à 300 mètres au-dessus du sol, c’est, véritablement, fixer le contact avec la terre un peu trop loin, 2 200 mètres environ, c’est, en quelque sorte, obliger l’aviateur à faire un « saut dans l’inconnu, » lui interdire presque, en tout cas, d’atterrir en un point fixé à l’avance. Il est vrai que l’aviateur a la ressource d’arriver juste au-dessus du point fixé et de descendre alors, en décrivant de larges spires, procédé applicable, d’ailleurs, aux modes d’atterrissage précédens. Mais si, moteur arrêté, on opère ainsi, les caprices de l’air n’en sont peut-être que plus à craindre, que plus difficiles à déjouer. Aussi, à l’heure actuelle, la descente en vol plané s’effectue-t-elle, presque toujours, par le procédé suivant, attribué à L. Paulhan :

Comme l’aigle qui fond sur sa proie (on a vu, à ce jeu, des aigles se tuer), l’aviateur, à l’aide de l’équilibreur, fait « piquer du nez » à l’appareil, sous un angle assez grand, de façon à lui faire acquérir une grande vitesse ; puis, un peu au-dessus du