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d’Autriche. La première a pour intermédiaires les ambassadeurs des deux pays ; Beust reste pour l’Autriche l’agent principal des deux, Victor-Emmanuel étant représenté cette fois par ses agens Vimercati et Türr, à l’exclusion de l’envoyé officiel in partibus, Artom. Rationnellement, nous n’avions pas à débattre un traité à deux où nous ne devions pas être partie et qui, dans aucun cas, ne recevrait notre signature. Et cependant nous réclamâmes comme un droit d’intervenir dans la négociation, et on nous l’accorda sans difficulté. La Tour d’Auvergne nous écrivait : « Je suis en mesure de vous informer, de nouveau, qu’aucun arrangement n’interviendra entre l’Autriche et l’Italie sans notre assentiment préalable. » (28 juillet 3 h. 20.) Cette situation exceptionnelle s’explique par la nature même du traité en projet : il n’était qu’à deux, mais ce n’était qu’un préalable pour préparer l’alliance à trois et revenir au traité français. L’Autriche et l’Italie, si elles n’avaient consulté que leurs convenances, ne se seraient pas donné l’ennui d’une telle négociation. C’était notre intérêt qu’elles disaient avoir en vue et non le leur : dès lors, l’essentiel était que les stipulations consenties fussent à notre gré ; sans cela, l’accord n’avait plus de raison d’être. Faute d’avoir démêlé ces nuances un brouillard intense enveloppe cette affaire des alliances.

L’objet de la négociation entre les ministres était le retour à la Convention de septembre, par l’évacuation de Rome. Ces pourparlers déjà en bon train se poursuivirent sans difficulté sérieuse. La Gauche italienne eût voulu que le gouvernement ne se soumît pas de nouveau aux exigences de la Convention de septembre et que, la considérant comme déchirée par Montana et par le prolongement-de l’occupation française, il se déclarât dégagé de l’obligation de garder sa frontière et d’y faire l’office de gendarme du Pape. Mais on ne pouvait pas exiger une telle politique de la part du ministre Visconti, qui avait signé la Convention. Sella lui-même, un des constans adversaires de cette Convention, comprit que, si on ne voulait pas engager une guerre avec la France, la retraite de nos troupes de Civita-Vecchia était l’acte préparatoire à une irruption violente sur les États pontificaux. Il se rallia à la majorité du Conseil. Visconti fut autorisé à nous faire connaître les mesures prises par le gouvernement pour la sauvegarde du territoire pontifical, et Lanza fit entendre à la tribune les paroles les plus résolues