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REVUE DRAMATIQUE.




GYMNASE : La Fugitive, comédie en quatre actes par M. André Picard. — THEATRE SARAH-BERNHARDT : Les noces de Panurge, cinq actes par MM. Adenis. — VAUDEVILLE : Montmartre, quatre actes, par M. Pierre Frondaie. — Reprise de la Famille Benoiton, de Victorien Sardou. — ODEON : Les Affranchis, pièce en trois actes de Mlle Marie Lenéru.


Les théâtres ont coutume, dès que se font sentir les premières approches du Jour de l’an, de monter des pièces destinées à doubler le cap des fêtes. Ces pièces ont comme les autres de longs entr’actes coupés de petits actes courts ; elles mêlent le rire aux larmes ; et les places y coûtent très cher. La seule particularité qui les distingue est qu’elles doivent quitter l’affiche aux environs du 15 janvier. Mais le théâtre est le domaine de l’imprévu. Et il arrive que les pièces de Jour de l’an, parties pour une heureuse carrière, dépassent sensiblement la date fatidique.

La Fugitive de M. André Picard est une pièce très agréable qui n’eût pas manqué jadis de s’appeler l’École des mères. Une mère n’est jamais au bout de son devoir, et quand elle a commencé de se sacrifier pour ses enfans, elle n’a qu’une chose à faire, c’est de continuer. Telle est l’idée très simple et, je crois, indiscutable que l’auteur a portée à la scène. Son mérite est d’avoir donné une forme brillante, vivante et souvent gaie à ce précepte d’une morale austère. Mme Journand a quarante-deux ans ; elle est veuve ; elle n’a pas eu à se plaindre de son mari, mais plutôt de la vie ; elle a mené une de ces existences laborieuses, encombrées de soucis positifs, où tout est pour le souci des affaires, rien pour la joie de vivre. Maintenant que ses filles sont mariées, et qu’elle est libre, elle veut se rattraper, prendre sa revanche. Elle a trouvé pour partenaire un archéologue sentimental, Georges Mariaud, qui, lui, est marié, et mal marié, avec une méchante femme