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sujet ? Non, puisque le chancelier les a traitées de « prétendues négociations ; » mais il est, a-t-il dit, de notoriété publique qu’à plusieurs reprises, la Grande-Bretagne a exprimé la pensée de provoquer par un traité la limitation de ses armemens. On se rappelle, en effet, qu’à un moment M. Lloyd George est allé en Allemagne avec l’illusion, qui s’est d’ailleurs bientôt dissipée, de pouvoir, par la seule persuasion de sa parole, obtenir quelque résultat de ce genre. « Le gouvernement anglais a exprimé cette pensée à la Conférence de La Haye, a rappelé aussi le chancelier : depuis, il l’a renouvelée à diverses reprises, sans cependant formuler de propositions qui nous auraient fourni l’occasion d’une acceptation ou d’un refus. » On est prudemment resté dans le vague : aussi le chancelier a-t-il parlé de préférence d’autres négociations qui, ayant abouti sur le terrain économique, ont « donné l’occasion de dissiper la méfiance réciproque concernant les armemens sur terre et sur mer, » et il a exprimé l’opinion qu’il n’y avait qu’à continuer dans cette voie. On peut traduire ce langage (Comme il suit : — Mettons-nous d’accord sur les intérêts qui nous divisent, dissipons entre nous toutes les préventions, et la question des armemens perdra aussitôt son importance. — Évidemment. M. Lloyd George, qui se repose en ce moment sur la Côte d’Azur, a si bien mesuré la portée de ces paroles que, dans un entretien avec un rédacteur du Matin, il a déclaré le gouvernement britannique prêt à tous les sacrifices pour conserver sa supériorité maritime. Il semble qu’on commence à se comprendre de part et d’autre.

Quand on relit, au bout de quelques jours, le discours du chancelier allemand, on le trouve d’une correction absolue et d’une intention incontestablement pacifique. Tout ce que nous pouvions désirer, c’est que nos rapports avec la Russie prissent ostensiblement le caractère qu’ils ont certainement. L’arrivée de M. Isvolski à Paris, la présentation de ses lettres de créance, l’échange de discours qu’il a fait avec M. le Président de la République, ont grandement contribué à ce résultat.


M. de Bethmann-Hollweg a prononcé deux discours : le second, ou plutôt le premier, si nous nous conformons à l’ordre dans lequel ils se sont succédé, se rapporte à la situation intérieure. Il est moins important pour nous, mais non pas d’un moindre intérêt : on peut l’appeler la revanche de l’Empereur. Tout le monde a pu remarquer qu’après quelque temps de silence, l’Empereur s’est remis à parler comme autrefois, invoquant son droit divin, affirmant volontiers que sa