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BISMARCK ET L’ÉPISCOPAT
LA PERSÉCUTION (1873-1878)

III[1]
L’ANNÉE 1874

Le 10 janvier 1874, un nouveau Reichstag allait être nommé. Les questions d’Église dominaient la campagne électorale. La persécution, comme souvent il advient, avait grandi l’importance du fait religieux. Un chancelier qui croyait au Christ, mais qui faisait expier aux prêtres sa rage contre le Centre ; des protestans croyans qui détestaient les Jésuites et demeuraient d’ailleurs attachés à l’idée du règne de Dieu ; des protestans incroyans auxquels toute orthodoxie déplaisait et qui trouvaient commode de rendre un dernier hommage à leur Eglise en dénonçant la confession rivale ; enfin des sceptiques ou des athées qui voulaient expulser Dieu de l’État : telle était la coalition, vaste mais incohérente, contre laquelle se dressait, sans jamais s’y briser, la résistance catholique. L’ardeur de la lutte, l’exaltation de la presse accroissaient, dans cette coalition, la puissance et l’audace des élémens avancés : c’est eux qui avaient trouvé le nom de Culturkampf, outrage implicite pour la vieille civilisation chrétienne ; c’est eux qui se plaisaient à représenter l’Allemagne, cette Allemagne fraîchement issue de la vieille Prusse

  1. Voyez la Revue des 1er octobre et 1er novembre 1910.