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momentanément obligatoire lors des guerres napoléoniennes. Depuis lors, elle se recrutait par engagemens volontaires d’une durée de six ans, contractés le plus souvent par de pauvres gens qui cherchaient un emploi temporaire ou qui attendaient dans cette situation le moment d’entrer dans l’armée régulière ; la milice était, pour ainsi dire, le vestibule de l’armée active. Les miliciens étaient astreints à une première période d’instruction de six mois, durée qui, en fait, n’était jamais atteinte et à une période annuelle de vingt et un à vingt-huit jours : ils étaient groupés en bataillons, escadrons et batteries.

L’institution des volontaires date de 1859. Ceux-ci se recrutaient dans un milieu plus élevé que celui de la milice ; c’étaient, en général, des jeunes gens qui s’engageaient par patriotisme, sans durée limitée, avec faculté de rompre à tout instant le contrat qui les liait. Us devaient vingt jours d’exercice la première année et dix chacune des années suivantes ; mais beaucoup d’entre eux échappaient à ces obligations.

La Yeomanry formait la cavalerie des forces auxiliaires ; les jeunes gens qui y entraient avaient presque tous l’habitude du cheval, une certaine fortune et étaient d’un rang social assez élevé ; la plupart s’équipaient et se remontaient à leurs frais.

Aucun homme des forces auxiliaires (milicien, volontaire ou yeoman) ne pouvait être appelé à servir au dehors sans son consentement.


Pendant la guerre du Transvaal, la situation de l’Angleterre s’est modifiée. L’Allemagne, profitant des embarras de cette puissance rivale, lui fit une concurrence commerciale partout victorieuse : sur tous les marchés du monde, même sur le marché britannique, l’article allemand se substitua à l’article anglais. De là, souffrance du prolétariat dans le Royaume-Uni, qui put entrevoir une décroissance certaine de sa prospérité. Le développement extraordinairement rapide des flottes allemandes de commerce et de guerre ne laissa pas de donner de grandes inquiétudes, d’autant que le Kaiser lui-même n’a pas caché son ambition de créer une marine de combat capable de se mesurer « avec la plus forte puissance navale. » Enfin les colonies anglaises, jusque-là séparées du reste du monde par des barrières presque infranchissables, se virent menacées par