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connaître de quelle manière l’Empereur vient de terminer l’affaire de la dette de Naples. A la manière dont il me l’avait annoncé, je croyais que cela nous était avantageux, mais il a voulu onze millions en biens, dont trois payables à la fin du mois, et le reste à lui remettre dans l’espace de cinq ans. L’ambassadeur t’envoie le traité. L’Empereur vient de faire de si grosses dépenses pour son mariage, et la guerre d’Espagne lui coûte tant, que tous ses coffres sont vides, et qu’il s’adresse à tout le monde pour avoir de l’argent. Il faut donc souscrire à ce qu’il a voulu, et je t’engage à prendre des mesures pour que les premiers biens lui soient livrés à l’époque prescrite et sans le plus léger retard. Si tu ne le faisais pas, il se fâcherait et il en prendrait peut-être occasion pour réclamer des biens de Sicile lorsque tu en seras maître. Tu ne te fais pas d’idée de tous les moyens auxquels il est obligé de recourir pour remplir ses caisses qui sont entièrement épuisées. Il vient d’ordonner au roi de Westphalie de lui payer sur-le-champ plusieurs millions d’arriéré. On lui a représenté que cela était de toute impossibilité, et que Jérôme ne trouverait jamais la somme qu’il demande dans son royaume ; il a persisté, et il a fait dire qu’il ne souffrait pas le moindre délai, et que si le roi de Westphalie voulait se présenter chez lui pour lui parler de cela et faire de nouvelles observations, il lui fermerait sa porte. Il réclame en ce moment des dettes de tous les souverains et n’écoute aucune observation. Je te conseille donc, mon cher ami, de souscrire sur-le-champ et comme de bonne grâce à ce que l’Empereur a décidé, et ensuite à exécuter bien exactement dans les délais qu’il a fixés, afin de ne pas lui donner de sujets de plainte, et qu’il ne songe pas à élever d’autres prétentions quand tu auras conquis la Sicile. Ne crois pas, je te le répète, que l’Empereur ne soit aussi exigeant que pour nous, il est de même pour tous, parce que jamais ses finances n’ont été aussi mal qu’elles sont maintenant, et qu’il ne sait plus où trouver de l’argent. Malgré ce qu’il avait dit sur les représentations de Jérôme, je lui ai parlé ce matin de la manière peu favorable dont il avait réglé notre affaire, et que tu serais bien embarrassé, avec les dépenses que tu fais dans ce moment, à faire ce qu’il vient d’exiger. Il ne m’a pas répondu et a parlé d’autre chose. Ainsi je crois qu’il n’y a plus rien à dire et je te conseille d’accepter son traité et de l’exécuter ponctuellement.

«… J’allais finir ma lettre lorsque l’ambassadeur est venu