Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 55.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
BISMARCK ET LA PAPAUTÉ
LA GUERRE (1870-1872)

I
LA RELIGION DE BISMARCK - SON ATTITUDE DANS LA QUESTION ROMAINE

Il y eut dans la vie de Bismarck une campagne malheureuse : ce fut le Culturkampf. L’histoire en est maintenant très accessible : nombreux sont les documens imprimés ; nombreux, aussi, les inédits, que de hautes bienveillances nous ont offerts. Mais il en est de cette guerre comme de toutes celles que risqua Bismarck : les origines en demeurent obscures. « Le Culturkampf, disait un jour Windthorst à Bennigsen, date du champ de bataille de Sadowa. » La boutade devint une thèse : on soutint que l’Allemagne protestante, victorieuse de l’Apostolique Monarchie, victorieuse de la fille aînée de l’Eglise, devait entrer en conflit, nécessairement, avec cette Église elle-même ; qu’il y avait là une sorte de prédestination, et que, dans l’institution même de l’Empire, le Culturkampf, si l’on ose ainsi dire, aurait été préétabli.

Ces déductions avaient quelque profondeur, une profondeur qui parfois atteignait à la vérité. Il en était d’elles comme de tous les systèmes : ils peuvent suffire à la philosophie de l’histoire, ou bien encore à la paresse des historiens, mais il y a péril à s’en contenter trop aisément. Ils doivent servir la besogne