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avait été présenté officiellement aux Tuileries le 7 juin 1810. En mai 1812, pendant son séjour à Dresde, Marie-Louise avait eu l’occasion de s’entretenir avec l’officier autrichien qui était alors « à la suite » de l’empereur François.

L’Impératrice resta à Aix jusqu’au 4 septembre. Méneval la quitta le 20 juillet pour passer quelques semaines auprès de sa femme et de ses enfans. Les billets qu’elle lui écrit ne nous renseignent pas exactement sur l’emploi de son temps. Il n’y est pas fait mention des nombreux divertissemens qui troublaient la cure. La correspondance nous montre Marie-Louise en proie à la tristesse, désireuse de gagner bientôt la terre promise, le beau duché de Parme. Le nom de Neipperg ne figure naturellement pas dans les lettres datées d’Aix. Il est vraisemblable qu’au début le geôlier fut tenu à l’écart de la petite Cour, composée de Bausset, de Corvisart, du peintre Isabey et de Mme de Montebello. Mais il ne tarda pas à en faire partie. M. Welschinger croit que le général fut le pourvoyeur des plaisirs de la souveraine : « Il ne laissa pas l’Impératrice s’ennuyer un moment... Il la conduisit souvent en barque sur le lac du Bourget. »

Metternich savait que cet ennemi implacable de Napoléon prendrait vivement à cœur les intérêts de la chancellerie autrichienne. Neipperg devait « soigneusement observer l’archiduchesse pour le cas où elle voudrait aller trouver son mari, et alors, — après des représentations, — passer à la défense absolue, si elle persistait. » Le colonel Hurault étant arrivé de l’île d’Elbe, porteur d’une lettre de l’Empereur et avec la mission d’emmener l’Impératrice, fut dénoncé à Neipperg, arrêté et dirigé sur Paris[1]. Talleyrand avait écrit, le 9 août, à Metternich « que la saison des eaux ayant été bien complète pour Mme l’archiduchesse, il conviendrait que son séjour ne se prolongeât pas. » Le Cabinet de Vienne était du même avis. Vers le 15 août, la princesse recevait une lettre du chancelier qui la dissuadait de se rendre à Parme avant la fin du Congrès et la priait de revenir à Schœnbrunn. Marie-Louise envoya une copie de cette lettre à Méneval. Le 20 août, elle lui écrivit qu’elle avait eu des nouvelles de l’Empereur à la date du 6 août. « Il se portait bien, disait-elle, était heureux, tranquille et pensait surtout beaucoup à moi et à son fils[2]. »

  1. Voyez F. Masson, op. cit.
  2. Napoléon n’avait eu que le 28 août des nouvelles de sa femme. Une lettre du 31 juillet, confiée à Bausset qui se rendait à Parme, n’était arrivée à l’île d’Elbe qu’un mois après. Le 10 août, Marie-Louise annonçait à l’empereur son prochain départ pour Vienne, mais elle l’assurait de son désir de le rejoindre bientôt.