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REVUE DRAMATIQUE


Renaissance : L’Oiseau blessé, comédie on quatre actes par M. Alfred Capus. — Vaudeville : Le Lys, comédie en quatre actes par MM. Pierre Wolff et Gaston Lereux.


M. Capus est revenu au genre qui lui avait valu ses premiers succès, genre agréable, où il entre assez d’observation pour que nous y reconnaissions les mœurs et la société d’aujourd’hui, assez de fantaisie pour que nous ne soyons pas tentés d’y aller chercher le sérieux d’une étude. On se rend bien compte que, dans ce théâtre, le personnel n’est pas d’un niveau très relevé et ne nous offre pas de l’humanité une image à nous rendre très fiers ; mais il y règne une telle atmosphère de sérénité ! Peu à peu nous nous sentons gagner à l’insouciance avec laquelle évolue ce petit monde falot. Il arrive même qu’on y côtoie l’émotion ; mais tout de suite l’esprit intervient pour apporter à une situation qui risquait de s’aggraver la solution élégante. Il y a, dans cet ingénieux mélange, de la légèreté, de la mesure, de l’harmonie, qualités précieuses en tout temps, mais qui nous deviennent plus chères par le contraste qu’elles font avec le flot montant de la brutalité et de la niaiserie.

Le premier acte de l’Oiseau blessé nous renseigne tout de suite sur la manière de M. Capus : c’est celui qui porte davantage sa marque. Nous sommes dans un intérieur de petits bourgeois, tout récemment débarqués de leur province à Paris : une veuve. Mme Janson ; le fils, un garçon d’une vingtaine d’années, Roland ; la fille, Yvonne Janson, qui sera l’héroïne de la pièce. J’ai lu, un peu partout, que cette jeune fille personnifie l’ingénue à la mode d’aujourd’hui : c’est l’ingénue avec enfant. Pour tranquilliser Mme Janson, qui. hâtons-nous de le reconnaître,