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de Saint-Pouauge), des abbés Le Camus et de Saint-Michel, de MM. de Vertamont et Boucherat, conseillers d’Etat, fut chargée de prononcer sur l’affaire des réguliers et des gentilshommes.

Convaincu que ces différends étaient avant tout de nature religieuse, qu’il n’avait en aucune façon excédé ses droits et que la juridiction ecclésiastique, toile qu’elle existait dans l’Eglise primitive, au temps où les évêques étaient, chacun sur son siège épiscopal, autant d’apôtres indépendans, ne relevant que d’eux-mêmes et de leurs pareils, pouvait seule connaître équitablement des causes religieuses, N. Pavillon n’aurait point voulu que le jugement de ces divers procès fût ainsi confié à des commissaires de l’ordre administratif et politique, même choisis en majorité comme avait fait la royauté, parmi des dignitaires de l’Église. Il eût souhaité la réunion d’un de ces conciles provinciaux, si fréquens au moyen âge et tombés à peu près en désuétude depuis le Concordat. Il se serait expliqué lui-même devant les évêques ses pairs, qui auraient prononcé ensuite en connaissance de cause. Pour lui, les vrais juges n’étaient pas à la Cour, mais sur les sièges épiscopaux de la province ecclésiastique de Narbonne. Les commissaires royaux décidèrent néanmoins selon l’équité. La chose était méritoire de leur part ; car les ennemis de l’évêque d’Alet avaient à la Cour un protecteur puissant dans la personne du confesseur du Roi, le Père Annat. Les jésuites n’aimaient pas N. Pavillon, depuis qu’en 1647 il s’était passé de leurs services ; si quelques-uns d’entre eux comme le Père Talon, à la suite du prince de Conti, devaient voir dans les luttes de Pavillon contre les gentilshommes de son diocèse le renouvellement des luttes de François de Sales contre les plus apparens du sien, le plus grand nombre considérait cet évêque comme un adversaire dangereux. Ce fut le Père Annat qui communiqua au Roi le Mémoire des plaintes des gentilshommes rédigé par les réguliers. Le Roi chargea le nouvel archevêque de Paris, M. de Péréfixe, de se renseigner là-dessus auprès de Pavillon. Celui-ci ayant répondu comme il convenait, nos syndiqués envoyèrent à Paris deux agens à demeure, et qui trouvèrent dans le Père Annat un porte-parole. Mais le Roi, éclairé par M. de Péréfixe, fit l’éloge de l’évêque d’Alet dans le Conseil de conscience. Cependant le Père Annal ne devait pas se décourager, et, jusqu’à la fin, profitant de ce que l’évêque d’Alet était en désaccord avec la Cour à propos de la signature du formulaire,