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s’étaient donné pour tâche de dresser des servantes offrant aux familles des garanties de moralité et de savoir faire. Il existait dans chaque paroisse de cette ville, sous le nom de Chartrerie, une maison de charité où les enfans pauvres apprenaient des métiers. En 1633, ces écoles d’arts et métiers furent réunies et devinrent un hospice général consacré à l’enseignement manuel. Enfin nous rappellerons que les deux ordres enseignans qui attiraient le plus d’élèves ainsi que les couvens des autres n’avaient oublié dans leur programme pédagogique ni les travaux de femme, ni l’économie domestique.

Ce qui manque le plus dans le plan d’études de l’instruction secondaire, c’est, — tous les lecteurs en auront fait la remarque, — la culture intellectuelle proprement dite, les connaissances dont l’importance a pu paraître parfois si grande qu’elle a semblé faire oublier que l’objet de l’éducation est moins de remplir l’esprit que de le fortifier, moins de fortifier l’esprit que de former le cœur et de tremper le caractère, moins de savoir que de bien faire. Il est certain que ce qu’on appelle l’instruction a bien l’air d’être sacrifiée la connaissance et à l’accomplissement des devoirs religieux d’abord, ensuite à un apprentissage de la vie pratique où le savoir vivre, où certains arts d’agrément peuvent être considérés comme usurpant la place de notions que nous jugeons plus sérieuses et plus utiles. Il y a là plus qu’une apparence, il y a une vérité ; mais cette vérité, il ne faut pas l’exagérer. La rareté des textes ne peut pas toujours être invoquée contre l’existence et l’extension d’une institution, d’un usage. Si loin qu’ils soient de satisfaire notre curiosité, ils nous autorisent à ranger le latin, l’italien, la géographie, la composition littéraire, le chant, la danse au nombre des matières et des arts qui entraient dans l’éducation. Il n’en reste pas moins vrai qu’après la formation de la conscience, exercée et affermie par des instructions et des pratiques religieuses, l’éducation féminine, dans la première moitié du XVIIe siècle, visait plus à faire des ménagères et des maîtresses de maison, respectueuses des convenances sociales, que des femmes instruites.


G. FAGNIEZ.