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royale et apostolique ; elles s’annonçaient comme poursuivant un but exclusivement charitable ; enfin l’insuffisance des institutions d’enseignement féminin était trop criante pour ne pas imposer tout d’abord silence à des réclamations intéressées. C’est la multiplication des écoles de charité fondées dans les paroisses parisiennes par les soins des curés et confiées à des congrégations qui paraît avoir suscité le conflit entre le chantre et ces curés.

Les plus anciens établissemens scolaires de ce genre ne semblent pas remonter au delà de 1639, de 1642 et de 1646. En 1639, Vincent de Paul obtint du chantre Michel Le Masle l’autorisation d’en ouvrir deux pour les enfans pauvres de la paroisse Saint-Laurent, un pour les garçons, l’autre pour les filles. C’est aussi avec l’agrément du chantre que Louise Bellanger, veuve de François Parvison, réunit, en 1642, quarante pauvres filles de la paroisse Saint-Eustache sans recevoir, pour les instruire, d’autre rémunération que celle qui lui était payée par la confrérie de Notre-Dame de Bon-Secours érigée dans cette église. Quand Pierre Marlin, son curé, créa le 23 mars 1646, pour les enfans de ses paroissiens pauvres, trois écoles de garçons et trois écoles de filles, il soumit entièrement les maîtres et les maîtresses aux statuts des petites écoles. Les Filles de Sainte-Geneviève avaient donné, au début de leur établissement, en 1636, l’exemple de cette déférence ; elles s’étaient fait délivrer par l’autorité cantorale des lettres de provision qui leur assignaient, pour l’exercice de l’enseignement, deux quartiers, celui de Saint-Nicolas du Chardonnet et celui des Fossés-Saint-Victor.

Les conditions dans lesquelles s’ouvrirent les premières écoles libres ne firent donc que confirmer les droits du chantre. Il n’y avait qu’à continuer dans cette voie ; le privilège traditionnel de ce dignitaire ecclésiastique, les besoins de plus en plus sentis de l’instruction populaire y auraient trouvé également leur compte. Mais le zèle du bien ne s’astreint pas longtemps au respect des droits acquis. Dès 1637, l’archevêque Gondi était obligé de lancer un mandement où il renouvelait la défense d’enseigner sans la permission du chantre. Il y ajoutait celle de s’adresser, pour des leçons particulières, à des maîtres et à des maîtresses qui ne seraient pas pourvus de l’investiture cantorale. Notre travail s’arrête au moment où le conflit s’engage.