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était payé par la ville, l’enseignement dans les petites paroisses restant l’affaire des curés.

Nous avons déjà indiqué que l’enseignement primaire était gratuit pour les pauvres, soit qu’il leur fût donné, comme on l’a vu, dans des écoles particulières que l’on appelait écoles de pauvres, soit que les enfans d’indigens fussent mêlés aux autres et que la ville se bornât à payer, sur la caisse d’assistance, leurs frais d’écolage.

À côté des petites écoles, des écoles rurales abécédaires et des écoles municipales, il y avait des écoles privées qui, en passant sous la dépendance des corps de ville, entraient souvent dans cette troisième classe.

Les filles des classes aisées étaient mises dans des couvens, dans des pensionnats. Les premiers ne donnaient pas toujours la sécurité morale qu’on en attendait. Le régime des commendes, le désordre des guerres civiles y avaient introduit un grand relâchement. Il y en avait, cependant, où la régularité s’était conservée. On en trouvait même où s’était perpétuée la haute culture de la Renaissance, où les langues et les littératures anciennes et modernes occupaient les loisirs laissés par les devoirs religieux. Telle était l’abbaye de Saint-Louis de Poissy, illustrée, à l’époque qui nous occupe, par la science d’une Anne de Marquest. C’est là que la collaboratrice de saint Vincent de Paul, Louise de Marillac, plus tard Mme Legras, commença son éducation et apprit le latin. De onze à quatorze ans, Mme Acarie, en religion sœur Marie de l’Incarnation, fut élevée au couvent de Lonchamp. Anne de Gonzague fit à Faremoutiers, sous la direction de l’abbesse, Françoise de la Châtre, des études qui la préparaient surtout au gouvernement de l’abbaye et dont le latin fit partie. Mais le nombre était grand des maisons religieuses où la communauté était réduite à un chiffre dérisoire, où vivaient des pensionnaires qui n’avaient pas fait de vœux et échangeaient des visites avec la noblesse du voisinage. En plaçant leurs enfans dans ces maisons désertées et affranchies de toute discipline où elles descendaient au rôle de servantes, les familles n’avaient songé qu’à s’en débarrasser avec l’espoir qu’elles y prendraient le voile le plus tôt possible. Quand elles entraient dans un couvent sous le patronage d’une parente qui y était religieuse, les jeunes filles profitaient, au contraire, d’une éducation qui n’était pas toujours dirigée vers la vie monastique, et qui les préparait parfois, en leur