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réservé aux maîtres écrivains reçus à la maîtrise après avoir fait leur chef-d’œuvre. Les classes duraient, en été, de huit heures à onze heures du matin et de deux heures après midi jusqu’à cinq heures du soir ; en hiver, de huit heures et demie à onze heures el demie et de deux heures après midi à quatre heures. L’après-dîner du mercredi et du vendredi, on faisait le catéchisme. L’après-dîner du jeudi et du samedi, les élèves avaient congé. Il y avait plusieurs degrés d’enseignement et trois classes de professeurs. L’enseignement de la lecture, de la doctrine chrétienne et de la grammaire latine n’était donné que par des professeurs et ne s’adressait qu’aux garçons. L’écolage était de 20 sols par mois. D’autres cours, où figuraient, à l’exclusion de la grammaire latine, la lecture et l’instruction religieuse, étaient faits par des maîtres ou des maîtresses. L’écolage n’était que de 10 sols. Les cours des maîtres écrivains se divisaient en deux degrés, l’un où l’on apprenait à lire, à écrire et à chiffrer et pour lequel l’écolage s’élevait à 30 sols, l’autre qui se réduisait à l’écriture et à la lecture de la lettre moulée et pour lequel l’écolage était abaissé à 20 sols. Il n’est pas permis de douter que les filles fussent admises à ces cours, car ce n’était que là qu’elles pouvaient apprendre l’écriture et le calcul. Les enfans pauvres, reconnaissables à l’inscription : Pauvres de la ville de Rouen qu’ils portaient au chapeau, recevaient, dans les écoles des pauvres, une instruction gratuite. L’enseignement clandestin était défendu.

C’est encore à la première partie du XVIe siècle, non moins qu’à l’époque antérieure, qu’il faut appliquer le témoignage de l’évêque d’Evreux, disant, en 1576, qu’il n’y avait pas autrefois une paroisse un peu peuplée de son diocèse qui ne possédât une maison d’école et une fondation scolaire.

Le premier coup porté à l’enseignement populaire lui vint de la Réforme. Ce n’est pas que la nouvelle religion eût moins de zèle que l’ancienne pour cet enseignement. Tout au contraire, en faisant de la lecture et de l’étude des livres saints le premier devoir du chrétien, elle imposait à ses adeptes l’obligation de savoir lire et celle de se livrer, pour comprendre la parole de Dieu, à un véritable effort d’esprit. Mais la propagation des nouvelles doctrines ne pouvait, dans son ardeur agressive, séparer de l’Eglise l’enseignement populaire, et les coups dirigés contre la première ne pouvaient manquer d’atteindre le second parce