Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 49.djvu/312

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

divine ; il commet des actes véritables de folie. Encore si cette folie venait de lui ; et s’il était l’« illuminé » de sa propre illumination ! Mais non ! L’illuminée, c’est Mme Guyon ; il est l’enfant et l’esclave de Mme Guyon. Aveugle, encore une fois, aveugle conduit par une aveugle.

Il en subira les conséquences. Il aura un réveil terrible. Il reviendra à la raison et au bon sens. Il y reviendra avec cet approfondissement que laissent les crises de la conscience et de la raison. Mais il n’aura plus cette fraîcheur, cette grâce, cette confiance dans la vie, cet universel abandon, et ce naturel exquis de l’abbé de Fénelon.

Voilà pourquoi il n’était peut-être pas sans intérêt de fixer en quelques traits la physionomie bientôt effacée de l’abbé de Fénelon. Après tout, où donc trouverait-on, ivresse mystique mise à part, un plus charmant exemplaire d’humanité ? Les jeunes gens mêmes des dialogues de Platon ont moins de charme que ce Périgourdin élevé à Saint-Sulpice. Et puis l’abbé de Fénelon avait de plus qu’eux « la pureté du cœur et Dieu pour lui. »


FORTUNAT STROWSKI.