Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 49.djvu/163

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelqu’un, si vous avez des nouvelles de M. Mohl ? Je n’en ai pas ; je lui ai écrit il y a dix jours, il me semble qu’il aurait bien eu le temps pour une réponse s’il avait écrit de suite. Avez-vous été chez la princesse Belgiojoso ? a-t-elle fait de vous tout ce qu’elle a voulu ? Je parie que oui... Je suis arrivée à Londres mardi à 11 heures et repartie le même jour pour ici, où je suis arrivée ce soir même à minuit. Je n’ai mis que deux jours à mon voyage, et j’aurais pu le faire en trente-six heures si chaque voiture fût partie aussitôt que j’étais prête à y entrer. J’ai trouvé ma mère tout autre que l’hiver lorsque je l’ai quittée, sortant en voiture, lisant et jouissant de ses lectures. Je ne m’ennuie pas, autant que possible, parce que je dessine toute la journée, et voilà ma vie.


Mary Clarke à Claude Fauriel.


[26 septembre 1843.]

Cher ami.

J’ai coupé ce que j’avais écrit au haut de la page parce que j’y grognais et que je voudrais sucrer mon sermon autant que possible pour la décision que je voudrais vous voir prendre sur l’appartement dans ma maison. Cependant, il faut que je vous dise, non pas pour vous reprocher, mais pour me justifier de ne pas avoir écrit plus tôt, que c’était parce que vous aviez l’air si pressé de me voir partir que je ne me sentais pas la conviction que ma lettre vous ferait grand plaisir ; car enfin, cher ami, on a beau aimer, si on a le sentiment que c’est tout seul, on est découragé, on n’a plus de verve. Moi, je suis très modeste, je me méfie toujours des sentimens que j’inspire ; c’est cela qui m’a fait le plus de mal dans ma vie ; et puis je suis si entière dans mes affections, j’ai si peu de réticences ! Tenez, je suis bien sûre que si vous aviez dû partir, vous eussiez trouvé mauvais que je fusse pressée. Enfin n’en parlons plus.


Mary Clarke à Claude Fauriel.


St. Leonards on Sea, Nov. 8, 1843.

Cher ami, j’attends depuis bien des jours, bien des semaines que vous m’écriviez, et j’attends en vain. M. Mohl m’a écrit