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courbe de petit rayon, 50 mètres, par exemple, elle atteint 37 pour 100 ; mais alors le virage est court, et la résistance qu’oppose le biplan par sa masse à tout changement dans son allure, son inertie, si l’on préfère, tend à enrayer toute rupture d’équilibre.

Quant à la stabilité longitudinale, que les Wright obtiennent par une manœuvre constante de leur gouvernail d’altitude, afin de l’assurer, ou, si l’on préfère, d’empêcher tout mouvement de tangage ou, du moins, de l’amortir sensiblement, G. Voisin n’hésite pas à donner à ses autoplaneurs, comme à de simples véhicules terrestres, de l’empattement, c’est-à-dire à leur faire prendre appui, dans l’espace, et dans le sens de leur progression, sur deux points extrêmes aussi éloignés que possible l’un de l’autre, disposition que les Wright ont rejetée, il est vrai, mais que les savans calculs du capitaine Ferber semblent indiquer comme indispensable. À cet effet, M. G. Voisin a joint à son biplan une cellule-arrière ou queue, parallèle à la grande, fermée aussi latéralement, et à l’intérieur de laquelle est logé le gouvernail de direction. On augmente ainsi, sans aucun doute, le poids de l’appareil et sa résistance à l’avancement, on le rend moins maniable ; mais, enfin, presque tous les grands oiseaux planeurs présentent de l’empattement, et la preuve qu’il favorise autant peut-être la stabilité transversale que la stabilité longitudinale, c’est que les oiseaux tels que le canard, l’oie, etc., qui ont la queue très peu développée, partent toujours droit devant eux, et ne se décident que difficilement à tourner. D’ailleurs, la lutte victorieuse que Farman a soutenue, au camp de Châlons, le 24 novembre 1908, contre des vents dont la vitesse variait de 6 à 14 mètres à la seconde, peut être regardée comme une preuve convaincante de l’utilité de la queue dans les autoplaneurs.

Si nous prenons maintenant, comme type à décrire, le biplan Voisin, avec lequel M. H. Farman vient d’opérer à Châlons, — biplan qu’il se propose, dit-on, de transformer en triplan, conservant ainsi la même étendue de surfaces portantes, tout en séduisant, l’encombrement, — nous verrons qu’il se compose, essentiellement, d’une cellule rectangulaire de 10 mètres d’envergure sur 2 mètres de profondeur, couvrant par conséquent 40 mètres carrés environ, et dont la hauteur est de 1m, 50. Des longerons en frêne (comme toute la charpente, d’ailleurs).