Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 48.djvu/938

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES
LIVRES D’ÉTRENNES

En tous temps, les rares chefs-d’œuvre des écrivains ont excité l’émulation des peintres, graveurs, miniaturistes ou enlumineurs, qui mirent tout leur art au service des maîtres de la pensée et voulurent avec eux rivaliser de génie en associant leur nom pour l’immortalité. Mais aujourd’hui, par suite des perfectionnemens introduits dans les divers procédés de gravure actuellement en usage, et qui répondent aux goûts d’information instantanée, de plus en plus généralisée, qu’exige notre vie agitée et dispersée, le livre illustré tend encore à se répandre : l’illustration a tout envahi, trop souvent au détriment du texte, que l’on prétend remplacer en faisant l’éducation par l’image. Parcourir ces volumes, c’est suivre les manifestations de ce développement dans leur infinie variété. Cette production nouvelle de fin d’année se prête en effet à toutes les combinaisons d’art, traduit fidèlement et répète à peu de frais toutes les nuances de la palette et toutes les fantaisies du dessinateur. Elle appelle l’élégance et l’éclat à défaut de solidité ; mais, si trop souvent hâtive et éphémère, plus abondante que choisie, elle a pris la place des anciennes et plus nobles méthodes, il arrive aussi que la diversité des sujets réclame la diversité d’interprétation. Elle ne se borne pas à nous offrir des merveilles de fabrication, elles sont également œuvre de reconstitution.

Entre tous ces ouvrages qui témoignent de la valeur de ces multiples procédés, excellens pour rendre l’exactitude et la vérité des tableaux, la finesse du trait, la gamme des tons, la fraîcheur du coloris et jusqu’à l’impression du modelé, il faut distinguer la Peinture au Musée de Lille[1], éditée avec un luxe de bon goût, d’une exécution typographique irréprochable. Les planches, très

  1. Hachette.