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poudre B les yeux fermés, sans avoir la possibilité, même en cas d’urgence, de procéder à sa visite. L’artillerie, nous venons de le dire, est chargée de cette opération. Donc, nécessité d’entrer dans un port pour toute vérification, et transports continuels de munitions entre les bâtimens et la Pyrotechnie. Ajoutons que ces visites ne donment jamais une certitude absolue.

En résumé, l’insuffisance du matériel d’artillerie paralyse la doctrine du tir. Aussi, l’utilisateur, désireux de rattraper l’avance prise par les autres puissances, ne cesse-t-il de réclamer, par ses porte-paroles autorisés, des améliorations indispensables dont voici le résumé :

1o Nouvel aménagement des blockhaus, aujourd’hui si étroits, que l’officier de tir est obligé d’en sortir pour observer l’extérieur ;

2o Tourelles assez vastes, permettant aux servans de manœuvrer leurs pièces avec l’aisance nécessaire ;

3o Installation du pointage optique, découverte française adoptée par tous les étrangers ;

4o Approvisionnement plus rapide des pièces ;

5o Faculté de charger les canons dans une position quelconque, sans perdre plusieurs secondes pour les mettre au pointage négatif ;

6o Accroissement, à terre et à bord, de l’approvisionnement en munitions ;

7o Fixation définitive de la question des projectiles ;

8o Enfin, les marins demandent avec insistance des poudres plus stables, plus égales dans leurs effets, et la limitation stricte de leur existence.

La commission d’artillerie de l’escadre, qui résume les travaux et réunit les vœux de tous les commandans, ne cesse de réclamer et de protester ; mais on ne l’écoute que d’une oreille distraite et chacun couche sur ses positions.

Dans tout ceci, la marine a perdu la notion des rôles ; elle a interverti l’ordre des facteurs, malgré les enseignemens précieux que nous offre l’étranger. Les services producteurs étant les fournisseurs de la flotte, l’officier de marine, en qualité de client, a le droit et le devoir de leur commander un matériel répondant à certaines exigences, à des conditions dont lui, marin, reste seul juge, parce qu’il connaît le but multiple à remplir par un bâtiment de combat. Ne vous semble-t-il pas que nous côtoyons l’évidence ? On irait plus vite et l’on ferait de meil-