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marque Mayence, Eltville, Coblentz, a surgi, d’autant plus inquiétante que beaucoup de ces vins sont fabriqués avec des raisins achetés dans les vignobles de la Marne : sur les marchés extérieurs, les envois de Schaumwein allemand sont passés de 1 500 000 bouteilles à plus de 13 millions. Un autre danger nous menace, l’invasion des bières, des Lagerbier allemandes, qui, en Angleterre, entravent la vente des vins de France : ceux-ci demeurent objets de luxe, et la consommation anglaise, au lieu de se développer, tend à décroître. En somme, nous ne pouvons compter sur la clientèle étrangère pour conjurer la crise, les autres pays augmentent partout leur production viticole, nous n’exportons que nos vins de haute noblesse, l’importation exotique l’emporte chez nous depuis vingt ans sous le rapport de la quantité : en 1903 nous exportions 1 726 000 hectolitres, nous en importions 6 335 000. Il est vrai qu’on nous envoie surtout des vins communs, qu’en 1900 par exemple les vins importés représentaient 177 millions de francs, et nos expéditions à l’étranger 290 millions. Ne comptons pas, pour relever notre exportation, sur notre alliée la Russie ; elle frappe nos vins d’un tarif presque prohibitif : 97 fr, 80 par 100 kilogrammes, et les fabriques d’Odessa font une fâcheuse concurrence à notre Champagne.

Il existe deux sortes de vins artificiels : ceux qu’on fabrique illégalement, ceux qu’on fabrique légalement, sous le couvert de la loi, avec l’autorisation de la régie, en vertu d’un article de la