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une bande pelliculaire de celluloïd (film) transparente, souple et robuste, garnie des photographies qu’a données le chronophotographe. Cette pellicule est percée, sur les côtés, d’une série de trous rigoureusement équidistans, ce qui constitue un mode de repérage très précieux, dont la première idée est due à Reynaud. Un peu au-dessous de la bobine se présente un cylindre denté, animé d’un mouvement de rotation uniforme, dont les dents pénètrent dans la perforation de la pellicule et l’entraînent, le mouvement du cylindre étant, d’ailleurs, calculé de façon qu’à chaque instant la longueur de film débitée soit juste ce qui est nécessaire. Le film s’engage alors dans une sorte de fenêtre où il rencontre les rayons de la source lumineuse, — la lumière électrique, en général, — destinée à illuminer les images, rayons canalisés et concentrés à l’intérieur d’une lanterne placée sur le même socle que le cinématographe. Au-dessous de la fenêtre, un second cylindre denté, identique au premier, fonctionnant de la même façon, et tournant avec la même vitesse, assure le déroulement régulier de la pellicule. Enfin, une seconde bobine, à laquelle on a imprimé un mouvement de rotation convenable, force le film à s’enrouler à nouveau. Ainsi le mouvement uniforme de la pellicule est parfaitement réalisé, ainsi que son déroulement et son enroulement.

Il s’agit, maintenant, quand une des images passe devant l’objectif, de l’arrêter un instant. Au fait, pourquoi cet arrêt ? Nous en avons donné la raison en ce qui concerne la chronophotographie sur bande. Mais, ici, est-il absolument nécessaire ? Oui, parce que dans les conditions où fonctionne d’ordinaire le cinématographe, c’est-à-dire avec un débit de 15 images à la seconde seulement, étant donné la nécessité de projeter ces images en vraie grandeur et, par suite, l’obligation de les éclairer le plus possible, l’absence d’arrêts régulièrement espacés nous ferait paraître mobiles les parties fixes de l’objet, parties qui, par principe, doivent toujours nous apparaître au repos ; de plus, on verrait se produire des traînées lumineuses, correspondant aux portions claires des images, et analogues à celles qui accompagnent les étoiles filantes : tout se brouillerait et s’embrouillerait.. On objectera, il est vrai, que dans le kinétoscope d’Edison, la pellicule transparente qui défilait devant le spectateur était animée d’un mouvement parfaitement uniforme et parfaitement continu ; que, dans le photophone de M. Demeny, il en était de même du disque