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Par le temps, par l’espace immense,
Errans, invisibles, subtils,
Afin qu’en nous tout recommence
Comment, pourquoi, d’où viennent-ils ?


NOTRE AME HUMAINE


O goutte d’eau, montée un jour à la surface
De cette Mer immense où t’agitent les vents,
Tu crains l’heure où pour loi la vision s’efface
Des mondes répandus par les grands cieux mouvans,

Que crains-tu ? de rentrer en la nuit maternelle,
En cet abîme obscur, ô néant, d’où tu sors ?
Néant plaintif, du moins le silence est en elle,
Et la paix, sans réveil peut-être, et douce aux morts.


QUATRAINS D’AL-GHAZALI


Tu dois bientôt vieillir et bientôt disparaître.
Sache te résigner à la mort de ton être :
Ton unique grandeur est d’accepter la loi,
Qui te va détrôner, après t’avoir fait Roi.


Libérant ton esprit de la peur du trépas,
Parmi les purs, les Saints dont la vie est profonde,
Communiant sans cesse avec l’âme du monde,
Habite un lieu sublime où la Mort n’atteint pas.


Effet mystérieux de l’infini des causes,
Quand tu te sentiras un avec toutes choses,
Avec le Ciel, avec la Terre dont tu sors,
Tu ne t’effraieras plus de l’ombre où vont les morts.


JEAN LAHOR.