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sables de Beauchamp, on trouve dans leur masse des blocs de pierre à paver, de grès comme on dit, en conservant une expression celtique qui désigne la pierre par excellence.

L’histoire du grès est bien curieuse et tout à fait conforme au sens général de l’économie souterraine telle que nous l’avons indiquée, car on trouve qu’à l’origine l’ensemble du terrain de Beauchamp était composé de grains de sable englobant parfois des coquilles et d’autres débris organiques de façon à présenter les caractères généraux de nos plages arénacées actuelles. C’est plus tard, quand la couche meuble fut déjà recouverte d’autres sédimens parfois très épais, que la circulation des eaux amena entre les particules incohérentes des dissolutions conjonctives diverses, calcaires, siliceuses, ferrugineuses, qui, suivant les cas, les agglutinèrent d’une façon plus ou moins intime et plus ou moins solide. Les particules juxtaposées et les coquilles furent ainsi empâtées en nodules rocheux. C’est là un phénomène très tranquille dont on peut suivre toutes les étapes dans la nature et dont on peut imiter tous les détails par des expériences de laboratoire.

Dans les pays où, comme la forêt de Fontainebleau, des couches de sable contenant des nodules de grès sont soumises à l’intempérisme, la pluie dégage peu à peu ces blocs, les lave de leur gangue mobile et constitue tout doucement les amoncellemens si pittoresques de roches que l’on qualifie de « chaos » et dont la production a semblé témoigner du déchaînement des énergies les plus cataclysmiennes : les chaos de Franchard et d’Apremont sont des produits de la pluie, et ils continuent à recevoir chaque jour de ce même agent géologique, aussi efficace dans ses résultats qu’il est insignifiant dans son apparence, des modifications successives.


V

Dans toute la zone attaquée par les travaux du Métropolitain, comme dans bien d’autres parties encore de la région de Paris, le sable de Beauchamp se présente comme lié d’une façon très intime à la formation qui le supporte et dont il est comme le chapiteau. Cette formation, c’est l’ensemble des couches du calcaire grossier ou pierre à bâtir, la roche parisienne par excellence, et dont l’histoire, pleine d’intérêt, reçoit des