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francs de zinc, 838 000 fr. de plomb, 689 000 fr. de cuivre et 7 millions et demi de fr. de phosphate. Les quantités ont augmenté depuis lors et les prix se sont notablement accrus ; c’était déjà, en 1904, une exportation de 22 millions de francs de minéraux. Il se pourrait qu’elle doublât assez rapidement.

Les mines ont, pour un pays neuf, une importance bien plus grande que celle que fait ressortir la simple valeur des produits. Elles ouvrent le pays ; elles fournissent un trafic rémunérateur aux voies ferrées et à la navigation ; elles ont une répercussion indirecte, puissante et bienfaisante, sur tout l’ensemble de la production. On ne peut douter maintenant que l’Algérie ne soit riche en mines diverses. Malheureusement, notre administration paraît trop assujettie aux vieilles méthodes métropolitaines : elle est trop méticuleuse et lente, jalouse aussi peut-être des succès particuliers. Elle manque de souplesse et de rapidité, mettant trop de lenteur à accorder les concessions ou à trancher les différends que celles-ci peuvent soulever : on en a la preuve dans les difficultés administratives ou judiciaires que rencontre la mise en exploitation, dans la province de Constantine, des gisemens de fer, qu’on dit exceptionnellement riches, de l’Ouenza, qui ont été découverts il y a trois ou quatre ans.

Un des rouages de l’organisation algérienne qui a attiré et, à certains points de vue, mérité le plus de critiques, ce sont les chemins de fer. On les a construits trop coûteusement, presque tous à voie large, au lieu de recourir à la voie d’un mètre, qui est la voie coloniale universelle, celle que les Anglais ont généralement adoptée, notamment dans toute l’Afrique du Sud, et que nous avons fini nous-mêmes par implanter dans nos colonies diverses et en Tunisie. On persiste en partie dans cette grave erreur, puisqu’on fait à large voie la ligne d’amorce dans la direction du Maroc. L’exemple éclatant de la Société des Phosphates de Gafsa témoigne qu’un chemin de fer à une seule voie d’un mètre peut transporter d’un. bout de la ligne à l’autre plus de 600 000 tonnes, et cette société compte même, avec ce simple instrument, écouler prochainement plus de 1 million de tonnes, La faute commise dans les chemins de fer algériens, par l’énormité de la dépense, a réduit l’étendue du réseau qui est presque stationnaire depuis une demi-douzaine d’années, ne s’augmentant que de quelques rares tronçons annuellement : il atteint aujourd’hui 3 200 kilomètres en