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des unités nouvelles, des fortifications, des stocks de munitions qui devront être renouvelés tous les dix ans ; il est néanmoins prudent de prévoir un relèvement de crédit d’environ 2 millions et demi.

Récapitulons. L’Indo-Chine contracte un emprunt de 90 millions réalisable en six annuités de 15 millions en moyenne ; le budget métropolitain continue à dépenser pendant ces six années 13 millions et demi pour la défense de l’Indo-Chine, sans augmenter en rien son budget général ; à l’expiration de ce terme de six années, le plan de défense est achevé ; le budget de l’Indo-Chine est grevé d’environ 3 millions de dépenses supplémentaires nécessaires au paiement des annuités de l’emprunt, le budget métropolitain est déchargé d’environ 11 millions de dépenses supplémentaires sur 13 millions et demi qui lui incombent actuellement. Nous venons d’indiquer les moyens financiers qui procureraient les ressources nécessaires à la défense de l’Indo-Chine ; le détail en peut varier à l’infini ainsi que le rapport entre la part contributive de la métropole, — représentée dans notre projet par la continuation pendant six ans des crédits consentis actuellement, — et la part de la Colonie, représentée par l’emprunt. Mais il importe d’insister sur la nécessité d’une solution rapide.

L’exécution intégrale du plan établi en 1902 et 1903 par le Comité consultatif, où le ministre des Colonies est représenté par le chef de son bureau militaire, s’impose absolument ; on ne peut remettre à des agens visiblement incompétens le soin d’improviser un « programme réduit, » qui mutile les plans primitifs, transforme les projets de chemins de fer en projets de batterie, et n’aboutit pas. Plus encore que la guerre continentale, la guerre coloniale à laquelle nous sommes exposés est une question de préparation ; au ministère des Colonies, l’œuvre de cette préparation subit depuis deux ans un retard d’autant plus inexplicable qu’il coïncide avec un redoublement d’activité militaire chez nos voisins. Il faut sortir de cette stagnation et réparer le temps perdu et les fautes commises. Si l’Indo-Chine reste une proie trop facile, elle sera inévitablement attaquée ; préparons sa défense : la paix du monde est à ce prix.