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qu’elles se terminaient presque toujours par les vœux les plus ardens pour la conservation du Roi, de la famille royale et le soulagement de la France. Il pourrait à cet égard invoquer le témoignage de personnes de la plus haute distinction auxquelles la prière l’a souvent réuni.

« Lorsque S. M. l’empereur Alexandre, à l’occasion d’une revue militaire, célébra une fête religieuse au camp des Vertus[1], le sieur Isnard, frappé de ce grand hommage rendu à Dieu, en traça une description qui parut plaire à S. M. l’Empereur. Une personne, qui crut que la publication de ce petit écrit ne pourrait être que très utile, demanda au sieur Isnard la permission de le faire imprimer. A quoi celui-ci consentit d’autant plus volontiers que son écrit se terminait par l’expression de ses vœux bien sincères pour S. M. Louis XVIII.

« Le sieur Isnard, tout à fait étranger depuis longtemps à toutes affaires politiques, ne s’occupe que de ce qui peut servir à l’intérêt de la religion dont il pratique les devoirs et dont sa plume voudrait concourir à faire triompher les préceptes. Il travaille dans ce moment même à la correction d’un ouvrage sur un objet religieux d’un genre épique en douze livres.

« On peut juger, d’après ce fidèle exposé de la vérité, que le sieur Isnard, loin d’être un citoyen qui puisse paraître suspect au gouvernement, doit être considéré comme un sujet dont la fidélité repose sur les plus solides garanties, et qui même, quelque faibles que soient ses talens comme écrivain, peut devenir utile par ses travaux présens et futurs entièrement consacrés à la propagation des principes religieux dont la France éprouve un si grand besoin[2]. »


Si l’on voulait chicaner Isnard, ce n’est pas la matière qui manquerait dans ce long plaidoyer. Lui qui l’a écrit tout entier pour que le gouvernement ne le chassât pas, il ne se souvient

  1. Cette revue eut lieu, le 11 septembre 1815, dans la plaine de Vertus en Champagne. La plus grande partie des troupes russes qui étaient en France défila devant l’empereur Alexandre et ses invités, le roi de Prusse, l’empereur d’Autriche, le duc de Wellington, le Comte d’Artois, le Duc de Berry, etc.
  2. Ce mémoire d’Isnard fut écrit dans une chambre de l’hôtel des Lillois, rue de Richelieu, 63. C’est là que l’ancien conventionnel descendait toutes les fois qu’il revenait à Paris. Par une de ces rencontres que le coudoiement de la vie parisienne multiplie pour la joie des amateurs de contrastes, c’est dans le même hôtel, dans la même chambre peut-être, que Henri Beyle, épris de Mme Pasta, devait, quelques années plus tard, préparer son fameux traité de l’Amour.