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On peut se demander si ces tentatives d’intervention amicale ne pourraient pas avoir également une action plus large, plus profonde, préventive, servir à redresser l’irrégularité de la situation réciproque des États, rétablir l’équilibre renversé et maintenir la balance entre la valeur des différens États et leur influence au dehors.

Rien qu’en posant cette question, on est déjà frappé de la difficulté. Quel est donc le pays qui voudra abandonner à d’autres, même à des amis, d’être juges de sa valeur, qu’il considère comme une affaire d’amour-propre, de dignité nationale, d’honneur. La Conférence de La Haye l’a si bien senti qu’elle a elle-même mis hors de cause les questions de cette nature. Mais en admettant même qu’un tribunal ou Conseil central quelconque puisse être chargé de veiller au maintien de cet équilibre international qui est une condition essentielle de la conservation de la paix, quelle serait la garantie de l’impartialité de ses jugemens, la sanction de leur stricte exécution, de l’obéissance des États qui auraient à s’y soumettre ? On sait que les sympathies ou antipathies des peuples sont souvent établies sur des élémens qui ne procèdent pas de la stricte équité. Un État jeune qui va de l’avant, qui, par son origine et sa nature, par sa position géographique et les dispositions de ses habituas tend à se développer au dehors, ne trouvera pas toujours chez les juges internationaux la même bienveillance qu’un pays ancien qui a de nombreux et sûrs cliens, liés intimement par leurs intérêts à sa puissance, à sa sécurité et à sa prospérité. Et, si un jugement était prononcé qui imposerait à un peuple des sacrifices que son amour-propre national répugnerait à accepter, ne faudrait-il pas encore un recours à la force pour l’obliger à se soumettre, faire la guerre pour assurer la paix !

Devra-t-on, après cela, désespérer définitivement de la possibilité d’apporter un allégement aux charges de plus en plus lourdes que les guerres imposent aux peuples ? L’approbation universelle qui a accueilli l’œuvre de La Haye aura-t-elle été une vaine manifestation de stérile sentimentalité ?

Assurément non ! Le fait même que la nécessité en a été reconnue solennellement par tous les gouvernemens, et que des tentatives ont été faites pour trouver les moyens adaptés au but poursuivi constitue un progrès et un gage de succès pour l’avenir. Mais vouloir supprimer les différends entre les peuples, et la