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un voyage à Sparte.

fragmens sont demandés par les journaux de toutes nuances de la ville. Le président du Syllogue a chargé quelqu’un de venir me remercier d’avoir honoré leur maison d’une semblable conférence, de me présenter le titre de membre du Syllogue et de m’annoncer que la traduction grecque du discours serait publiée à leurs frais. Le discours concluant à l’alliance des deux nations sur le double terrain moral et politique, une foule de pourparlers se sont engagés en ce qui concerne la réalisation immédiate des idées que j’ai exposées. Je suis donc occupé d’une part avec le monde universitaire, d’autre part avec les comités grecs, qui me chargent d’une mission pour Paris. En un mot, l’alliance a été bien plaidée. Moi-même j’en fus quelque peu surpris. Jamais je n’ai eu des idées aussi claires et le travail cérébral aussi facile qu’à Athènes.

« Les Grecs veulent que les Arméniens du Pirée et d’Athènes ne quittent pas le pays. Pour faciliter leur installation, ils vont m’arranger une entrevue avec le Premier, Delyannis, à qui je demanderai qu’un lot de terre soit accordé à nos transfuges en Thessalie. Ces diverses affaires m’empêcheront de partir demain. Je ne m’embarquerai que l’autre dimanche. Les Arméniens sont très heureux d’avoir exhibé celui que les journaux comblent des épithètes de nearos, aristos, retor, philosophos, philoxenos, philhellenos. Le bruit même a pris naissance que Tigrane était un millionnaire du Caucase. Je te dis tout cela, ma chère maman, pour te distraire.

« J’ai vu le Parthénon, le Musée. Quel dommage que je n’aie point d’argent pour que tu me rejoignes ici et que nous visitions ensemble tous ces marbres en compagnie des professeurs de l’Université : à la chaire de mythologie tu retrouverais toutes ces dames d’Ovide ; c’est ici qu’il y a des attitudes qui t’inspireraient des poses : draperies, profils de mains, tabourets, et tout cela contemporain de Périclès !

« Au moment de fermer ma lettre, voici que je reçois un mot d’un écrivain qui habite le Pirée et qui, en compagnie de plusieurs Grecs, était allé à bord du dernier courrier pour me dire adieu. Comme ils savent tous que j’aime beaucoup les fleurs, sa lettre est accompagnée d’un envoi de fouls dont le parfum peut-être parviendra jusqu’à toi et de roses énormes. Cet écrivain, qui est le premier auteur tragique de la Grèce, a entendu avec enthousiasme la partie de ma conférence où je parle du