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Mais faut-il que debout dans la tapisserie
Votre image se dresse en le tissu savant
Et que votre quadruple et vaine allégorie
Me rappelle la fuite et le cercle du temps ?

Je sais bien que l’année est faite de fleurs douces,
De lumière, d’azur, de soleil et de fruits,
Et que le vent emporte, un jour, les feuilles rousses
Et suspend leur couronne au tombeau de la nuit.

Je sais bien que ma vie a vécu, riche ou tendre,
Son Avril délicat et son Juillet joyeux,
Et que mes mains ont pu s’élever et se tendre
Vers la grappe d’Automne éclatante à mes yeux,

Et que l’heure après l’heure a conduit jusqu’en l’ombre
Mon destin qui bientôt n’aura plus d’horizon…
Mais pourquoi, maintenant, que tout me semble sombre,
Demeurez-vous toujours les mêmes, ô Saisons ?

Comme celle de vous qui regarde en arrière,
Je descends vers le soir et crois avoir été
Ce Printemps qui jadis montait dans la lumière
Vers ce palais d’or rouge où lui riait l’Eté !


L’IMAGE DIVINE


Vos mains sont belles, mon enfant, vos mains sont belles,
Mais leur geste pensif ne s’est jamais penché
Pour saisir doucement par le bout de ses ailes
Le papillon qui vole à ta lampe, ô Psyché !

Ta bouche est fraîche, mon enfant, ta bouche est fraîche,
Et le sang qui la teint n’est pas encor celui
Qu’envenime à jamais la pointe de la flèche
Et qui porte partout le poison qu’il conduit.