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peurs, ce qui est bien triste, sont en partie commandées de plus haut. Dieu a ses desseins. Je baisse la tête, et je me soumets en adorant. Mais quelle merveilleuse occasion l’on manque ! O mon ami, cela déchire le cœur.

On m’a envoyé de Paris quelques articles de M. Voullaire. Veuillez dire à ce bon jeune homme qu’en général ils sont trop longs, pour un recueil tel que le Mémorial, qui ne paraît qu’une fois le mois, et dont chaque cahier n’a pas 50 pages. Il faudrait aussi que les réflexions fussent plus nombreuses et entremêlées davantage avec les citations ; et puis, autant que possible, que chaque article offrît une espèce d’unité. C’est plus de travail, mais il faut cela pour les lecteurs français. Du reste, je pense qu’on pourra tirer parti de quelques-uns des articles déjà envoyés, et j’écris pour qu’on vous fasse savoir les avantages qu’on peut proposer à M. Voullaire.

Les élections donnent lieu de s’attendre à des changemens dans la politique. Il paraît difficile que le ministère se soutienne. Qu’aurons-nous après ? Un peu moins de bassesse peut-être, mais probablement plus de violence. Il faut que la volonté de Dieu s’accomplisse. Adieu, cher et respectable ami. Je suis bien tendrement tout à vous in Xto et Ma.

F. M.


1828


A la Chênaie, le 25 février 1828.

Vous avez raison, mon cher et respectable ami, de vous méfier de la délicatesse de messieurs de la poste. Votre billet, quoiqu’on me l’ait envoyé de Paris sous enveloppe avec d’autres lettres, a été ouvert, et toutes les lettres que je reçois sont également ouvertes. C’est une habitude de l’ancien ministère, très religieusement conservée par celui-ci[1]. Croiriez-vous que Frayssinous a eu l’impudence de faire venir chez lui certaines personnes pour leur parler de choses secrètes qu’il avait sues avant elles, par les lettres mêmes qui leur étaient adressées ? Le dévot M. de Vaulquier[2]est le ministre de ces infamies. Je serai

  1. Le Finistère Martignac, qui succédait au Ministère Villèle.
  2. Né en 1780, le marquis Louis du Descham Vaulquier fut nommé, en 1824, directeur général des postes, en remplacement du duc de Doudeauville. Il avait eu déjà la direction des douanes, qu’il reprit en 1829, lorsqu’il dut quitter les postes, à la suite d’une enquête sur le fameux cabinet noir que l’on accusait de violer outrageusement le secret des correspondances.