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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



14 octobre.


Nous n’avons guère parlé de notre politique intérieure depuis quelque temps, parce qu’elle se ressentait des vacances du Parlement et que toute l’attention se portait sur les affaires du dehors, plus importantes et plus graves, et qui restent l’objet de l’intérêt principal. Il en sera sans doute ainsi longtemps encore, car nous ne sommes qu’au début de l’immense intrigue politique qui se joue dans le monde : c’est à peine si le premier acte en est terminé, et beaucoup d’autres suivront. Les préoccupations du présent, les incertitudes de l’avenir ramènent inévitablement la pensée sur les questions qui se rattachent au devoir militaire, plus impérieux que jamais dans un pays qui n’est pas à l’abri de certains accidens et qui vient même d’en apercevoir l’éventualité comme possible. L’alerte de ces derniers mois n’a pas été sans profit. Ceux qui l’ont provoquée nous ont, à quelques égards, rendu service. Certaines idées qui étaient fort loin de nous se sont imposées à nos préoccupations immédiates, et la France d’aujourd’hui serait beaucoup moins sensible aux surprises que ne l’a été celle d’hier. C’est le côté de la médaille que nous aimons le mieux regarder ; mais il faut aussi voir l’autre et le montrer.

La résolution patriotique dont le pays a fait preuve n’a nullement découragé l’effort anti-militariste qui, après avoir pris naissance dans les milieux socialistes, a essayé d’étendre partout sa propagande effrénée. Le moment a même paru opportun pour passer de la parole aux actes, et des affiches ont été apposées sur les murs pour conseiller aux conscrits l’indiscipline, la trahison et l’assassinat des officiers. La nouvelle classe entre dans les casernes : c’est l’heure qu’on a choisie pour lui faire entendre cette prédication criminelle. Le gouvernement s’en est ému ; il a ordonné des poursuites, il a ouvert des