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diverses lois de nature, qui nous poussent dans des directions différentes ; mais, quoi que nous fassions, notre acte sera toujours conforme à l’une ou à l’autre des lois de la nature, à commencer par notre nature.

Tel est le grand cercle où se débat la morale exclusivement positiviste et évolutionniste, celle qui, pour établir des valeurs, ne considère que les lois de la nature objective, soit hors de nous, soit dans la société. La véritable appréciation des valeurs suppose des élémens psychologiques et philosophiques, qui permettent d’établir ces valeurs indépendamment du simple mouvement évolutif par lequel les choses de la nature et de la société vont du passé à l’avenir, du simple au complexe, de la diversité confuse à une unité liée. Évolutionnisme, comme positivisme, est un mot vague, applicable à une foule de conceptions et de doctrines ; il n’indique par lui-même qu’un développement réglé dont les formes, les lois, les effets et surtout les causes demeurent à rechercher.

« On ne détruit que ce qu’on remplace, » disait Comte avec profondeur. Le positivisme, n’ayant vraiment remplacé la morale ni par la sociologie, ni par la biologie, n’a pas détruit la morale[1].


ALFRED FOUILLEE.

  1. Un mot à propos de l’intéressante étude où M. Georges Goyau a bien voulu prononcer mon nom (voyez la Revue du 15 septembre) : Francinet et le Tour de la France par deux enfans ont pour auteur Mme Alfred Fouillée.