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moines, la côte de l’Adriatique et la Calabre, les églises continuent à se modifier par de simples variations dans le nombre et les formes des coupoles, avec adjonctions de détails orientaux. Néanmoins, même en Apulie, comme en Campanie, s’introduisent déjà, dans le plan respecté des vieilles basiliques, certains procédés de construction qui annoncent l’influence des Bénédictins, Bénédictins de France ou de Germanie cette fois, autant que d’Italie. Tels sont, par exemple, dans les nefs, au lieu de colonnes antiques, les piliers carrés, soit plats et lisses, soit flanqués de colonnettes, et, dans’ les porches et portails, une diversité heureuse soit pour les dispositions, soit pour l’ornement. Les réminiscences grecques et romaines s’y combinent avec une intelligence et une curiosité croissantes de la nature vivante dans les formes végétales et animales. La carrière est donc grande ouverte aux moines de Cluny et de Cîteaux qui, avec les princes normands, apportent, de plus en plus, leur esprit d’initiative.

C’était, on l’a vu, sur les arts du décor, mosaïques, fresques, bronzes, orfèvreries, miniatures, plus oubliés en Italie, que s’était surtout porté l’effort de Didier. « La technique enseignée par les mosaïstes grecs, dit M. Bertaux, reste en vogue dans les monastères lointains jusqu’en plein XIIIe siècle. » Les descriptions, dessins, fragmens de la mosaïque absidale de Capoue y montrent, en effet, comme dans celle du Mont-Cassin, une étrange complexité d’élémens divers harmonieusement assimilés. Le même esprit bienfaisant d’éclectisme éclairé modifie, librement, sans effort, la tradition indigène par l’accueil spontané des pénétrations antiques, carolingiennes, byzantines, arabes, françaises, germaniques. Le centre de cette activité internationale, suivant M. Bertaux, reste toujours à Rome, où nous trouvons une pièce à conviction des plus curieuses, dans les fresques contemporaines de Santo Bastianello. L’église avait été donnée en 1065, par le pape Alexandre II, à son ami l’abbé Didier ; les peintres étaient romains. Sont-ce les mêmes qui signèrent alors, en donnant leur origine, les fresques de Sant’Elia, près de Népi, Joannes, Stefanus, Nicolaus ? On peut le supposer.

Les peintures murales les plus importantes de cette époque restent pourtant celles de Sant’Angelo in Formis, près Capoue. C’est le plus grand ensemble de décor ecclésiastique qui nous atteste en Italie, dans ces époques lointaines, la vitalité de l’imagination