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des cartes terrestres. Le voyageur qui, sur terre, se rend d’un point à un autre a surtout besoin de connaître les distances qu’il aura à parcourir, les routes les plus courtes ou les plus commodes entre lesquelles il devra choisir. Sachant toujours d’où il part, il lui est facile de suivre son chemin sur la carte, et si celle-ci est suffisamment exacte et complète, il reconnaîtra aisément, au fur et à mesure qu’il les rencontrera, les diverses particularités du pays qu’il parcourt.

Tout autre est le but d’une carte marine.

Le marin qui s’en sert sait bien où il veut aller, mais le plus souvent il ne sait pas où il est, ou du moins, il ne le sait que dans une limite plus ou moins large, et, en tout cas, c’est la carte elle-même qui doit lui servir à fixer sa position. Or, pour cela, les distances lui importent peu. S’il aperçoit devant lui un clocher ou un phare, il n’a pas le moyen de mesurer sa distance à ce clocher ou à ce phare ; il ne trouve pas sur sa route de bornes kilométriques pouvant le fixer sur cette distance, sauf aux entrées de quelques ports où des bouées, dites d’atterrissage, remplissent jusqu’à un certain point ce rôle ; et encore, comme elles sont susceptibles de chasser sous l’effort des courans ou à la suite d’un abordage, elles ne donnent pas de certitude absolue.

Mais si le navigateur n’a pas les moyens de mesurer les distances, il possède un instrument qui, à terre, ne joue qu’un rôle secondaire, mais dont l’importance à bord est capitale, c’est le compas ou boussole marine. En topographie, la boussole ne sert qu’à orienter approximativement les levés effectués à la planchette. En mer, le compas permet, non seulement de diriger à coup sûr le navire hors des côtes, mais encore de fixer sa position quand il approche de terre. Pour cela le marin n’a qu’à relever au moyen d’une alidade placée sur son compas la direction ou rhumb de vent dans laquelle il vise tel ou tel point en corrigeant cette direction de la déclinaison magnétique, il a une indication précise de la position qu’il occupe par rapport à ce point, ce qu’on appelle en géométrie un lieu. S’il vise un autre point, il a un second lieu. Les cartes marines sont construites de façon que chacun de ces lieux soit représenté par une ligne droite et puisse ainsi être tracé sans calcul. L’intersection de ces deux lieux donne donc par une construction des plus élémentaires et des plus rapides la position du navire.

Il importe par suite extrêmement que les directions