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REVUE LITTÉRAIRE

AUTOUR DE MADAME RÉCAMIER

On est d’abord un peu effrayé. En maniant les deux volumes que M. Herriot vient de consacrer à Mme Récamier, on se demande si l’hommage est tout à fait en rapport avec le mérite d’une personne célèbre surtout pour son charme et pour sa grâce. Comment peut-on en écrire si long sur une femme qui n’a jamais écrit ni vers, ni romans, ni même de maximes, et dont les lettres ne sont que d’insignifians billets ? Et le moyen de dire du nouveau sur elle, à moins de dire qu’elle ne fut pas coquette ? Qu’on se rassure. Dans cette étude sur Madame Récamier et ses amis[1], Mme Récamier elle-même tient assez peu de place, et l’attention est appelée surtout sur ses amis. Apparemment, il était très convenable qu’il en fût ainsi. Car, l’honneur de Mme Récamier étant d’avoir su être une parfaite maîtresse de maison, son rôle devait donc, ici encore, consister à faire centre au milieu de ses hôtes et à s’effacer pour les laisser paraître. M. Herriot en fait justement la remarque : « Mme Récamier n’a rien fait par elle-même de très considérable et de très important. Les lettres qu’elle a écrites sont beaucoup moins nombreuses et beaucoup pou-moins intéressantes que celles qui lui ont été adressées. Son histoire est le fil léger qui relie bien des histoires. Pour parler d’elle d’une façon qui mérite quelque attention, il faut faire intervenir Mme de Staël ou Benjamin Constant ou Chateaubriand. » Or M. Herriot a eu entre les mains un’ grand nombre de documens inédits : il a eu la bonne fortune de

  1. Mme Récamier et ses amis d’après de nombreux documens inédits, par M. Edouard Herriot, 2 vol. in-8o (Plon).